Libye : Dominique de Villepin, diplomate de l’ombre

L’homme politique français, pourtant sans mandat actuellement, a participé aux « discussions » de Djerba la semaine dernière, visant à mettre un terme au conflit libyen.

Dominique de Villepin, l’ancien Premier ministre français et candidat putatif à la prochaine élection présidentielle, a participé aux négociations tunisiennes entre les représentants du régime libyen et ceux du Conseil national de transition (CNT) dimanche dernier à Djerba.

Le président de République solidaire aurait d’ailleurs fait de nombreux aller-retours en Libye depuis le début du conflit. Celui qui fut également ministre des Affaires étrangères du gouvernement Raffarin compte de nombreuses amitiés arabes. Il est par ailleurs une personnalité respectée au Moyen-Orient depuis son discours, contre l’intervention armée en Irak, prononcé au siège de l’ONU à New-York, en février 2003.

L’intéressé, auréolé du statut de négociateur secret, a confirmé l’information dans un article du Parisien daté du jeudi 18 aout : « J’étais effectivement là-bas, mais je ne peux faire aucun commentaire, car ce serait compromettre les chances de succès et l’efficacité de ces discussions ».
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Christine Fages, à de son côté fait savoir que le Quai d’Orsay ne commentait pas, « les articles de presse ni les déplacements privés de personnalités françaises à l’étranger ».

Devant les difficultés rencontrées lors de ces négociations, tous les diplomates présents à Djerba font preuve d’une immense réserve. Ainsi, le Jordanien Abdul Ilah al-Khatib, envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, qui s’est également déplacé à Djerba le week-end dernier a précisé « ne pas être informé de négociations en cours ».

2 commentaires sur Libye : Dominique de Villepin, diplomate de l’ombre

  1. Félicitations à M.Thierry Laronde pour cette analyse pertinente, intelligente et certainement gaullienne de la situation en Lybie et dont l’actuel mouvement politique gaullien ferait bien de s’ inspirer plutôt que d’applaudir l’initiative plus que fâcheuse de l’actuel Président de la République , dont les sources d’inspiration sont exclusivement anglosaxonnes , ses modèles et maitres à penser . Pourtant souvenez vous d’une autre phrase du Général particulièrement pertinente : » Quand les anglo-saxons s’intéressent à un pays il y a souvent une forte odeur de pétrole et un bruit de tiroir caisse.  »
    C’est , sans aucun doute la motivation des Anglais, qui n’ont rien à faire de la liberté des peuples et dont la stratégie se limite à celle de leur porte monnaie
    Mais est-ce bien la voie de la France ? Qu’avons nous à gagner à détruire et déstabiliser une région du Maghreb , des contrats juteux ? Mais à quel prix : achever la destruction de l’image de la France dans le monde ;et donc son poids diplomatique.
    Quant à M.de Villepin, qui un temps a fait illusion, ce n’est malheureusement qu’un cafouilleux !

  2. Quelques remarques concernant M. de Villepin dans un premier temps, les « aventures » militaires dignes de la IVème République dans un deuxième temps.

    J’imagine que si l’on évoque M. de Villepin sur ce site, c’est sous prétexte qu’il se dit « gaulliste ». Ce qui est bien entendu faux, puisque M. de Villepin est celui qui avait conseillé la dissolution de l’Assemblée Nationale compte tenu de la chute de confiance de l’équipe Chirac afin de permettre de disposer in extremis d’une majorité non représentative jusqu’à la fin du septennat, pour pouvoir imposer toutes les décisions illégitimes sans être obligés de revenir devant le Peuple (ce qui a conduit au quinquennat qui est l’institutionnalisation de l’attentat à la souveraineté nationale). Ce qui est un viol absolu de l’esprit de la Constitution et de l’esprit gaullien. (C’est exprimé clairement dans « C’était de Gaulle » pour ceux qui ne seraient pas capables de le comprendre et de le sentir par eux-mêmes.)

    Concernant les criminelles aventures militaires dans lesquelles se lance et nous lance la IVème République bis, la grande idée gaullienne, simple parce que conforme à la vérité (« La simplicité est le plus court chemin vers la vérité », de Gaulle), c’est que pour des pays à peine à l’état d’ébauche, dont la seule unité est celle du périmètre (la frontière) assemblant sur un territoire des populations disparates, pour ces pays encore à construire, alors qu’il nous a fallu 1000 ans pour y parvenir (et que tout est toujours à refaire parce que tout est toujours défait par les notoires), il faut la _stabilité_. Dès lors qu’un gouvernement est à peu près accepté par sa population, le meilleur est que s’instaure la stabilité qui, à la longue, substituera une forme de légitimité au rapport de forces et incitera les gouvernants à asseoir leur acceptation non par la peur et la répression (parce que les rapports de force évoluent et que ce ne peut être un critère stable), mais par la défense de l’intérêt général ce qui les met hors de pair.

    Rien n’est plus désastreux pour ces pays que de voir, ce que l’on constate aujourd’hui dans le monde arabe, que le peu qui avait été construit a été jeté à bas, et que donc ceux qui vont rafler la mise sont les seuls à être un peu organisés et à avoir des idées non individuelles : les islamistes.

    La destruction de la structure étatique libyenne est non seulement un mauvais coup porté à la Libye, mais un crime pour les intérêts des États européens méditerranéens, qui comportent (autre crime) des populations très importantes de culture non assimilable sur leur sol, et qui vont devoir faire face à une fuite éperdue des populations maghrébines du « paradis » islamique en cours de mise en place.

    Pour pouvoir agir efficacement, compte tenu de nos moyens, par « effet de levier » — principe gaullien par excellence — il faut qu’il existe un point d’appui fixe et d’une solidité à toute épreuve (car il doit supporter la somme des efforts) : une Nation, qui aujourd’hui a été détruite, mais il faut qui plus est pouvoir envisager l’adversaire comme un point unique, un gouvernement sur lequel peser et qui serait capable d’imprimer à son pays la modification qu’il subit. On peut soulever un corps solide avec un levier ; pas un fluide, c’est-à-dire un ensemble désorganisé.

    Or la suppression des structures étatiques substitue le chaos, c’est-à-dire la fluidité, à un système conflictuel mais organisé, limité, sur lequel il était possible de peser.

    M. de Villepin a-t-il condamné cette campagne inepte ? Que vient-il faire dans cette histoire, et pour qui travaille-t-il ?

    Savez-vous quand on a vu pour la première fois un pays étranger faire intervenir son aviation en vue d’appuyer une rébellion visant à renverser un gouvernement installé ? Lors de la guerre d’Espagne, l’aviation de l’Allemagne nazie !

    Mais comparaison n’est pas raison. Adolf Hitler était un fou furieux, la folie étant une intelligence qui fonctionne mal. Rien de tel ici. Comme durant la IVème République, ce que nous voyons agir c’est la bassesse et la criminelle idiotie. Un nouveau Picasso peindra peut-être une suite ; mais proportionnée. Guernica est une fresque. Brega sera une miniature, à la dimension des minus habens qui ont, malheureusement ! en main nos destinées.

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