La crise de Bizerte

Bizerte_Ferryville

La crise de Bizerte est un conflit diplomatique et militaire opposant, durant l’été 1961, la France et la Tunisie devenue indépendante le 20 mars 1956. Il se joue autour du sort de la base navale militaire de Bizerte restée en mains françaises et de sa rétrocession à la Tunisie.

Historique

À partir de 1882, la France commence à aménager le lac de Bizerte en base navale qui joue un rôle primordial au cours des deux guerres mondiales. Avec la proclamation de l’indépendance en 1956, la presque totalité du territoire de l’ancien protectorat tunisien passe sous l’autorité du jeune État. La France conserve toutefois son autorité militaire dans deux zones de sécurité selon les termes des conventions d’autonomie interne du 3 juin 1955

Dès le 22 mars 1956, deux jours après la proclamation de l’indépendance, le président Habib Bourguiba définit clairement son objectif : « Après une période transitoire, toutes les forces françaises devront évacuer la Tunisie, y compris Bizerte ».

La France de Charles de Gaulle

Le ministre français des Affaires étrangères Maurice Couve de Murville invite alors en juin 1959 l’ambassadeur de France à Tunis, Georges Gorse, à reprendre « sans délai la négociation relative à Bizerte […] Le problème de la base stratégique de Bizerte présente pour nous la plus grande importance ». Cette dernière zone, port militaire situé au nord du pays, est considérée comme un point stratégique pour l’armée française et l’OTAN, car elle est alors leur seule base navale située sur la rive sud de la mer Méditerranée, en dehors de l’Algérie.

Le 27 février 1961, à Rambouillet, Bourguiba s’entretient pour la première fois avec Charles de Gaulle, alors président de la République française, qui lie la défense de la France à la position stratégique de Bizerte.

Mais surtout, Bizerte « constitue [du point de vue de l’OTAN] un point d’écoute radar absolument irremplaçable dans l’immédiat », puisqu’un câble coaxial relie directement Bizerte à la base aérienne du Strategic Air Command de l’aéroport Mohammed V de Casablanca (Maroc).

L’Opération bouledogue

Les relations entre les deux pays sont difficiles, surtout à cause du support tunisien aux rebelles algériens, et la France refuse. Tunis réagit le 17 juillet en envoyant des unités paramilitaires du Néo- Destour, le parti politique tunisien, établir un blocus de la base.

La France réplique le 19 en parachutant 7000 soldats d’élite appuyés par trois navires de guerre. La marine tunisienne se retire et le blocus est levé. Des bombardements ont lieu et les soldats français prennent le contrôle d’une grande partie de la ville après de violents combats

La Tunisie suspend alors ses relations diplomatiques avec la France et saisit le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) de la crise. Bourguiba étant considéré comme un allié de l’Occident, le secrétaire d’État américain Dean Rusk s’implique personnellement dans les négociations pour obtenir un cessez-le-feu qui est signé le 22 juillet.

Les combats ont fait 1300 morts du côté tunisien et 24 du côté français. À la suite d’une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU, des négociations prolongées, et le règlement de la question algérienne, la France évacuera finalement Bizerte le 15 octobre 1963.

 

 

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