Dominique de Villepin : « La citoyenneté n’est pas une prison »

 

4dntvuhh2yeo4npyb3igdet73odaolf$5r348g80teko6wf1b59pf0y7h0woy6vDécidément, le service citoyen est dans l’air. Encore une fois, je me dis que le travail des idées et du projet n’est pas inutile s’il permet de contribuer au débat public.

Mais pourquoi tomber dans la caricature ? Pourquoi confondre jeunes en difficulté et jeunes difficiles ? La proposition de loi qui sera débattue en octobre sur proposition de l’exécutif multiplie les contresens.

C’est un contresens de faire du service citoyen un camp de rééducation. La délinquance serait le résultat d’un manque de civisme, du coup il suffirait de répéter assez souvent et assez fort pour que la mauvaise habitude passe : cette foi dans l’inculcation, elle est propre aux régimes soviétiques et maoïstes. On façonne l’homme dans des cadres collectifs. Dans une démarche humaniste, c’est tout le contraire, le citoyen est citoyen par sa liberté, par son engagement volontaire, par sa fierté d’appartenir à la République.

C’est un contresens de faire du service citoyen un nouveau Biribi. L’armée n’est pas un réservoir de surveillants de prison, une suite de bataillons disciplinaires où on travaillerait une jeunesse fainéante au corps par une discipline de fer. C’est mal connaître les aspirations des militaires eux-mêmes et c’est mal interpréter le réel succès du Service Militaire Adapté dans les collectivités d’outre-mer et du programme « Défense deuxième chance » créé par mon gouvernement, avec Catherine Vautrin et Michèle Alliot-Marie, et qui a fait la preuve de sa capacité à accompagner des jeunes aux parcours chaotiques, de leur donner des perspectives et des cadres. Que les législateurs aillent voir ce qui s’y passe, ils seront loin des clichés sur l’armée. Elle a un vrai rôle social, elle l’a toujours eu, mais elle n’est pas et n’a pas envie d’être le Père Fouettard de la Nation.

C’est un contresens de faire du service citoyen une corvée de patates. Il s’agit au contraire de montrer aux jeunes – mais aussi aux moins jeunes c’est pourquoi je souhaite qu’il soit ouvert à tous- qu’ils peuvent donner un sens à leur vie en société, qu’ils y ont une place et un rôle à assumer. C’est de faire découvrir, de brasser socialement et non pas de séparer des autres et de laisser macérer dans le même dénuement.

La sécurité, ce n’est pas une macédoine. Il ne suffit pas de prendre les ingrédients – l’armée, le centre fermé, le travail d’intérêt général, le travail manuel- et de tout mélanger. Chaque élément est légitime, mais il faut les prendre dans l’ordre, dans le respect de ce qui est fait chaque jour sur le terrain.

Les centres éducatifs fermés, créés au lendemain de la réélection de Jacques Chirac en 2002, sont légitimes. Ils ont montré leur efficacité, notamment pour certains profils de jeunes délinquants particuliers. Cela suppose de mettre l’accent sur la dimension éducative, sur le maintien voire la création de liens stables avec l’extérieur, sur une démarche d’insertion par l’apprentissage d’un métier.

Les EPIDe du programme « Défense deuxième chance » ont leur légitimité, parce qu’ils permettent une approche différente, fondée sur un projet personnel et un accompagnement au sein de l’armée.

Plutôt que de tout effacer et recommencer, alors qu’il faut des années pour qu’un établissement trouve son rythme de croisière, renforçons ces dispositifs. Pourquoi pas en y faisant intervenir un encadrement d’anciens militaires, mais pour des missions spécifiques, faisant appel à des compétences spécifiques. Pourquoi pas en y apportant l’apprentissage de repères comportementaux.

Quant au service citoyen, gardons lui toute sa force en en faisant le lieu de rencontre de tous les citoyens français.

3 commentaires sur Dominique de Villepin : « La citoyenneté n’est pas une prison »

  1. D’accord avec Dominique de Villepin.

  2. mettre l ‘armée au service de la nation, du peuple c’est me semble -t-il une bonne idée. Les militaires auraient un travail plus noble que celui de bombarder des civils en Libye et de polluer les sols avec ses armes à uranium appauvri .Les militaires peuvent ils être des éducateurs ? j’en doute. Mais le rétablissement du service militaire serait une solution de réunir les jeunes français pendant quelques mois et de donner une expérience de vivre ensemble avec un but de servir la nation.Qui a peur de l’armée populaire ?
    Peut être faut -il mieux aider les familles et les enseignants qui ne peuvent faire la police autour des collèges, lycées, etc ou l’on rencontre les petits délinquants qui vivent dés l’âge de 14/15 ans en vendant de la drogue…..douce… et devenus les maîtres de territoires même dans des villages de 8à 10000 habitants. Les services de police et gendarmerie sont centrés sur le contrôle des automobilistes plus rentables pour un état dirigé par des serviteurs de la grande finance des états unis et RU.Tous les sujets sont me semble-t-ii très liées . Indépendance Nationale demain?

  3. Des jeunes en difficulté, ce sont aujourd’hui la majorité, les jeunes difficiles, c’est à dire ceux qui par leur violence posent problème, et qui ont besoin d’être recadrés, parce qu’ on subit leurs exactions , existent. .Ce n’est pas les confondre que les distinguer.
    On peut certes discuter comme D, de Villepin des moyens, et c’est légitime et nécessaire mais à condition d’élever le débat et ne pas se contenter de déclamations qui tournent en rond.
    Jamais l’enseignant des lycées (que j’ai connu) ne doit enseigner, se dévouer et proposer des valeurs de  » common decency » cher à Orwell, au nom d’un régime qu’il soit la république ou un autre. . Les tomates, pas plus que les jeunes ne sont vouées à la république ou à la monarchie! .
    Dire comme D. de Villepin que le citoyen est citoyen par sa liberté, par son engagement volontaire, par sa fierté d’appartenir à la République ».me parait une posture.
    Personnellement je n’ai pas cette fierté, du moins pour la France, mais vraiment D. de Villepin peut –il trouver beaucoup de jeunes qui adopteraient cette formule à part des militants des associations politiquement correctes vivant grassement de nos subventions ? Cette mâle invocation me fait penser à un rouleau à prières tibétain,
    Plus sérieusement on ne résoudra pas le problème de la fracture entre communautés par ce type d’invocation, mais bien par une mise à plat des problèmes et du pays réel. Là aussi il faut sortir de la logomachie purement citoyenne, mais faire appel aux dévouements ciblés qui de ne demandent qu’à s’exprimer foin de toute idéologie parfois mortifère, parce qu’ils présentent un visage concret.

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