J.P. Chevènement : trois enjeux pour 2012

Jean-Pierre Chevènement était l’invité dimanche 12 juin 2011 de Soir 3 Politique.
Il répondait aux questions de Francis Letellier et Jérôme Dorville.

Trois enjeux pour 2012 : l’euro, la politique énergétique et industrielle, les valeurs républicaines »

Verbatim express

  • Le problème de l’industrie automobile est celui de la surévaluation de l’euro. Les grands du CAC 40 investissent aujourd’hui à l’étranger. Il n’y a pas de retour. Peugeot a au moins eu le mérite de maintenir une part plus importante de sa production en France.
  • Je suis très inquiet quant à l’avenir de notre base industrielle. Cette situation est une conséquence de la politique européenne, de la surévaluation de l’euro. D’autre part, la zone euro est une zone dans laquelle la croissance est quasiment nulle.
  • L’abandon du nucléaire n’est pas sérieux. Par quoi le remplacer ? L’éolien, deux fois plus cher? Le solaire, 10 fois plus cher? Le charbon et le lignite, comme va le faire l’Allemagne?
  • Il faut faire confiance à la recherche et ne pas oublier que Fukushima était avant tout un accident naturel.
  • (A propos de l’intervention en Libye) Je pense que l’on a outrepassé la responsabilité de protéger. On est clairement dans le changement de régime.
  • Je voudrais attirer l’attention sur le projet de loi réformant la Constitution pour créer des lois cadres d’équilibre des finances publiques. C’est l’abandon de la souveraineté budgétaire. Il s’agit d’une révolution silencieuse mais qui s’apparente tout à fait à un 10 juillet 1940. C’est une conséquence du pacte pour l’euro. Nous ne pourrons plus voter notre budget car dès le mois d’avril il aura fallu transmettre à Bruxelles un programme de stabilité.
  • (Au sujet de sa candidature à l’élection présidentielle de 2012) Je crois qu’il y a un besoin d’élever le niveau du débat. Les français sont intelligents, c’est un peuple majeur.
  • Pour 2012, j’identifie 3 enjeux :

– La politique pratiquée dans la zone euro qui est une politique de récession, de diminution du pouvoir d’achat. Les français, comme les autres peuples européens, ne veulent pas de l’austérité à perpétuité.

– La politique énergétique et la politique industrielle

– Les valeurs valeurs républicaines : l’intégration, l’éducation, la sécurité

  • Ma candidature n’est pas hypothétique.
  • Je n’ai eu que le tort d’avoir raison trop tôt : en 2002, j’ai moi même mis en cause les marchés financiers par exemple.
  • Je me place dans une perspective où la France est capable de mobiliser ses atouts pour relever les défis de l’avenir.
  • Notre problème est de savoir parler à l’Allemagne. Il faut l’amener à des choix raisonnables. Faire cavalier seul ne la mènerait nulle part.
  • Me reprocher la défaite de L. Jospin en 2002 est trop facile. Il a surtout été victime de l’excès de confiance qu’il avait en lui même. Si 11% des ouvriers ont voté pour le PS en 2002, ce n’est pas à cause de Jean-Pierre Chevènement.
  • (A propos de l’école) Il n’y a eu aucun progrès ces dernières années. La machine est en panne. L’école tourne sur elle même en mettant l’élève au centre. On a oublié que l’école transmet le savoir, forme le citoyen et a donc besoin d’un grand projet national

4 commentaires sur J.P. Chevènement : trois enjeux pour 2012

  1. Réponse à Bernard FRAU : La position de Chevènement sur les filières nucléaires est évident.

    -Le coût du démantèlement est intégré à celui du kWh à terme on aura autour de 70 milliards d’euros. Cette somme est nettement suffisante. Je suis prêt à vous le démontrer ce coût à partir du démantèlement des petits réacteurs de Grenoble.

    – Le coût d’un éventuel accident, il a été évalué à 1 c€ du kWh par Alain Grandjean. Et encore c’est un coût surestimé : le seul accident sur un REP c’est TMI …

    -L’éolien off shore (seule source massive) sort non régulé à 13 c€/kWh . L’EPR sera peut-être à 5 ou 6 c€ pendant l’amortissement puis beaucoup oins cher après, l’EPR a une durée de vie d’au moins 60 ans l’éolien c’est 20 à 30 ans.

    -L’éolien c’est 10 à 12 fois plus d’acier au kWh que la filière REP, le temps qu’on utilise autant d’acier dans le nucléaire que dans l’éolien, les cuves on le temps de décroître en réactivité est d’être recyclable.

    -Le solaire est totalement inutile en Europe non méditerranéenne, je l’ai démontré ici : http://www.energie-gouv.fr/spip.php?article7
    D’ailleurs les scénarios 100% renouvelables misent assez peu sur le solaire, ce des parcs éoliens géants avec des lignes partout (et oui essayez d’alimenter Paris en éolien à partir de trois façades maritimes qui fournissent une production fluctuante qui oblige à surdimensionner les réseaux, les centrale de Nogent, du Loiret et de Penly sembleront toutes gentilles)

    -En 1973 nous n’avions pas l’enrichissement, l’expérience des REP et le stockage géologique ; aujourd’hui nous avons l’enrichissement par centrifugation, l’expérience des REP américains qui tournent plus, l’expérience de Phénix et Superphénix (lorsqu’on le laissait fonctionner) , l’extraction possible de l’uranium de l’eau de mer, le stockage géologique profond et la perspective des réacteurs au thorium …

    -Sortir des filières nucléaires alors que nous importons autour de 50 milliards d’euros d’énergie fossiles est irresponsable. Nous sommes face au plafonnement de production de pétrole et nous avons le choix entre l’atome et la décroissance.

    Nucléaire : pourquoi tant de haine ?

  2. En tant que Gaulliste de cœur, je n’ai jamais voté à gauche. Il m’est donc plus facile de vous dire, Monsieur le Ministre, que je vous lis et que je vous écoute avec le plus grand intérêt. Vous avez en effet la capacité d’élever le débat et de recentrer celui-ci sur les choix essentiels qui se posent à la France. De plus sur le plan humain, vous avez le courage et le souci du bien commun dans une France que vous aimez. Si vous n’êtes pas élu comme président de la république, ce dont vous n’êtes pas sans savoir que vos chances sont minces, vous aurez apporté votre expérience de l’âge, votre sagesse, votre enthousiasme et votre vision de l’évolution du monde.
    Je dois vous dire que je partage modestement l’ensemble de vos vues sur l’Europe, sur sa place entre les deux grands géants et sur les solutions envisageables et souhaitables, comme je les partage totalement sur les deux premiers points que vous citez comme essentiels. Le troisième point nous verrait discuter sur son approfondissement et nous trouverions les limites de notre accord. Mais je respecte votre souci de laïcité et de solidarité comme celui de réforme de l’enseignement sur les bases que vous évoquez.
    Je milite au sein du MPF mais les valeurs et les idées que nous défendons sont très proches des vôtres. Vous avez toute votre place dans le débat politique qui a commencé et qui, je l’espère, permettra à la France de sortir de l’impasse dans laquelle elle s’est mise. Continuez.

  3. Bernard FRAU // 16 juin 2011 à 19 h 12 min //

    Je ne comprends décidément pas ce soutien réaffirmé de Jean-Pierre Chevènement au nucléaire qui est voué à disparaitre à plus ou moins brève échéance. L’argument du coût 40% moins élevé est d’une mauvaise foi patente venant d’un homme qui connaît parfaitement la constitution du prix de revient du KW produit qui aujourd’hui n’intègre pas le coût des assurances contre des accidents éventuel, le surcoût lié au futur démentellement des centrales en fin de vie.
    Par ailleurs Jean-Pierre Chevennement fait comme s’il ne connaissait pas le fait que le coût des investissements des centrale nucléaire ne fait qu’augmenter en raison des exigences liées aux besoins de sécurisation des installation. Le coût largement exorbitant de l’EPR est justifié par cet exigence. Cette dérive à la hausse des coût fait que mécaniquement le rapport de competitivité entre les Energies renouvelables et le nucléaire est en train de s’inverser en faveurs des premières. Ce qu’à d’ailleurs parfaitement compris Angela MERKEL et avec elle Siemens.
    Pour le reste il n’y a pas de sujet tabou en politique et je dois reconnaître que je partage assez un certain nombre des positions de JPC en particulier sur la nécessité d’une revalorisation du fait républicain.

    Bernard FRAU
    Délégué Général
    Humanisme-Ecologie-République

  4. M. Chevènement peut dire des choses intéressantes, telles celles qu’on vient d’entendre et de lire.Qu’importe ! Il est politiquement mort.
    C’est en 2002 que M. Chevènement a eu la formidable opportunité de devenir l’Homme de la Nation ! Avec l’appui de nombreux gaullistes, j’en étais, et pour peu qu’il eût lui-même voulu endosser ce destin en le forçant !

    Mais voilà ! , Il n’a pas su ( ou voulu) , hélas, saisir sa chance, et répondre à la grande attente du peuple parce qu’il n’a pas su transcender ses préventions, ses oeillères d’homme de gauche et se hisser au niveau où c’est l’Histoire d’un peuple que l’on prend à témoin dans un rapport intime avec chaque citoyen.

    . (Et d’ailleurs soyons précis ! Nous avons compris, très vite que ce qu’il visait, c’était de faire un gros score au premier tour, de sorte d’être en position de négocier la fonction de Premier Ministre avec M.Jospin ! On sait que les résultats du 1er tour en ont décidé autrement !)

    Aujourd’hui son discours est pertinent, toujours tonique, souvent justement alarmiste. Je le salue.
    Je l’en remercie!
    Sauf qu’il n’est plus ni audible, ni crédible pour la quasi totalité de nos concitoyens.
    Les temps sont révolus, est-il écrit dans le Livre !
    M. Chevènement, qu’avez-vous fait de vos talents ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*