Parti Socialiste : le gênant Monsieur Zapatero …

 

Gérald Andrieu – Marianne

Si les dirigeants du Parti socialiste disent comprendre la colère des « indignados » espagnols, jamais ils ne pointent du doigt celui qui a accepté que son pays connaisse les affres de l’austérité. Et pour cause, il s’agit de l’un des leurs, celui qui fut porté aux nues en France au moment de son accession au pouvoir : le patron socialiste du gouvernement ibérique, José Luis Rodríguez Zapatero.

(Photo: Federación Socialista Asturiana - Flickr - cc)

Ne pas accabler le camarade Zapatero, tout en comprenant la « désespérance » (dixit Martine Aubry) du peuple espagnol, c’est le délicat exercice d’équilibriste auquel se livre le Parti socialiste depuis plusieurs jours. Ce week-end, à l’occasion de la dernière Convention nationale du PS, la Première secrétaire a en effet évoqué à deux reprises « la dissidence politique et sociale qui commence à s’éveiller en Grèce et d’une autre façon, spectaculaire et peut-être annonciatrice, en Espagne. » Mais en se gardant bien de rappeler que dans ces deux pays, ce sont bel et bien des camarades socialistes qui ont les commandes, ce sont des camarades socialistes qui ont été infoutus d’avancer des plan B et ont accepté de mettre en place des politiques d’austérité, pliant ainsi sous la pression des marchés au détriment de leurs concitoyens.

Ce lundi matin encore, à l’occasion du point presse du parti, son porte-parole, Benoît Hamon en faisait autant. Certes, le dirigeant de l’aile gauche du parti allait beaucoup plus loin dans la critique des « politiques d’austérité » : « C’est bien ça qu’organisent aujourd’hui les politiques d’austérité : le désordre social par des politiques qui abattent méthodiquement les protections collectives, remettent en cause les modèles sociaux partout en Europe et produisent de la précarité, de la pauvreté, du chômage ». Et d’ajouter : « Il est inacceptable pour les citoyens européens — et nous partageons leurs protestations et leur révolte — que les responsables politiques européens, que les responsables du G8 n’aient pas d’autres réponses au désordre des marchés financiers que la mise en œuvre du désordre social partout en Europe. » « Inacceptable », il est vrai. Mais pour savoir qui, nommément, en Espagne, est responsable de la « mise en œuvre de ces politiques d’austérité qui considèrent que pour éviter le désordre des marchés financiers, il faut organiser le désordre social », il fallait être présent au point presse précédent.

Le 23 mai dernier, Benoît Hamon tournait beaucoup moins autour du pot : « La déroute électorale de nos camarades socialistes espagnols (…) est la conséquence directe de la mise en œuvre des politiques d’austérité ». Ce jour-là, le porte-parole du PS faisait bien le lien entre « politiques d’austérité » et « camarades socialistes espagnols », mais en précisant que ces mesures-là « s’imposent aujourd’hui au gouvernement espagnol comme elles s’imposent à une grande partie des gouvernements européens, évidemment au gouvernement portugais, au gouvernement irlandais, au gouvernement grec. » Par déduction, faut-il comprendre, par exemple, que le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite s’imposait à la France ?

Il y a tout juste un an, lorsque que José Luis Zapatero avait pris le virage de l’austérité en annonçant une baisse de 5% des salaires des fonctionnaires, les responsables PS avaient été tout aussi gênés aux entournures. « Ça ne fait pas partie des mesures auxquelles on songe », assurait alors à Marianne le député du Rhône et ancien dirigent du Conseil d’analyse économique du PS Pierre-Alain Muet qui s’empressait de rappeler que « sous Jospin, les déficits [avaient] été réduits sans politique d’austérité ». Michel Sapin, le fidèle bras droit de François Hollande et ancien ministre de l’Économie de Pierre Bérégovoy, lui aussi, rejetait cette mesure du gouvernement Zapatero tout en se refusant à trop l’enfoncer au prétexte de la « particularité » et de la forme « brutale » de la crise espagnole. Il en est un, en revanche, qui à cette époque-là se montrait très virulent : « C’est une vraie saignée à destination des marchés, regrettait alors Razzy Hammadi, le secrétaire national chargé des services publics du PS proche de… Benoît Hamon, Le quidam se dira qu’il n’y a pas de différences entre la gauche et la droite. Il n’y retrouvera ni ses petits ni son pouvoir d’achat ! » Une critique prémonitoire puisqu’elle annonçait en creux la débâcle électorale de Zapatero et les siens d’il y a quelques jours.

Mais apparemment, au PS, les hauts dirigeants se refusent aujourd’hui à formuler pareille critique aussi clairement. Le Parti socialiste sait d’ailleurs très bien que, lui aussi, aura de grandes difficultés financières s’il parvient au pouvoir. Depuis des mois, ils étaient nombreux à expliquer en coulisses que la gauche devra faire avec une pénurie « d’argent public ». Un proche d’Aubry expliquait même que, dans la course à la présidentielle, « la plus grande difficulté [sera] de montrer que la rigueur fait partie du patrimoine de la gauche et qu’elle n’a rien à voir avec l’austérité ». Mais encore faudrait-il, pour parvenir à en convaincre les Français, dénoncer avec force l’austérité quand elle est mise en place par des dirigeants européens, fussent-ils des camarades…

3 commentaires sur Parti Socialiste : le gênant Monsieur Zapatero …

  1. Mikael MOAZAN // 3 juin 2011 à 8 h 27 min //

    La désepérance du peuple espagnol est à l’endroit de toute l’oligarchie, pas seulement à l’encontre de la gauche.Ce qui est demandé au delà des Pyrénées comme ça commence à l’être ici aussi, c’est une véritable démocratie (democracia real ya)
    Evidemment, les rentiers de la politique craignent cette aspiration, mais leur fin est proche car elle est inéluctable.

  2. facile de tirer sur l »ambulance de gauche
    la droite, le PP d »aznar était favorite dans les élections,et suite a l »attentat et un énorme mensonge ,
    les socialiste arrive au pouvoir,
    EUX méme n »y croyait pas
    gauche et droite ont fait une erreur fatal
    tout miser sur la constructions qui tirait vers le haut et les fonds de Bruxelles
    celui qui a moins de courage,il est de droite et c »est notre compagnon SARKOZY
    il a garder les 35H la retraite,a 62 ans,une bêtise puisque il faut cotiser 41 ans,l’impôt sur la fortune
    ZAPATERO,
    42H retraite 67 ans suppressions de ISF,la préférence nationale et oui
    comme le demande Marine Lepen
    la France va devoir faire ce que TOUT les pays Européens ont fait
    nous,se sera apres l »élections et aucun partis n »ose annoncer la couleurs
    la TVA CRDS CSG TAXES CARBURANTS ENERGIE ALIMENTATION ect ect vont augmenter les caisses étant vide
    8 millions de retraiters a 900 euros d »ou on a retirer la CSG CRDS
    les retraites des politiciens
    BARNIER 32728 euros CHIRAC 31000 BARROT 28050 CHARASSE 23 000 ect ect
    le couvercle va sauter,il faut plus de justice social,et répartir les richesses,la crise va continuer hélas pour notre pays
    l »avenir est sombre,cars les dettes sont énormes,
    qui les a faites,voila la bonne questions
    et biens se sont les politiciens de tout bords pourtant entourer d »experts,de conseillers,des hauts fonctionnaires,
    des inconscients quoi?
    dans le priver,la justice les aurait inculper d »abus de biens sociaux,de banqueroute ect ect
    triste,mais vrais
    des crédits,doivent toujours se rembourser,,PAS EUX,puisque c »est le contribuable qui réglera la facture

  3. Bellenger // 1 juin 2011 à 21 h 42 min //

    Quel bel article ! Son auteur oublie simplement que Zapatero autant que Sarkosy n’ont plus de pouvoir réel. Le pouvoir, il a été donné par le traité de Maastricht, article 56, à la Finance. Ce sont les financiers qui prennent les décisions majeures, et les chefs d’Etat ne font que les faire avaler le moins mal possible. Le pire est à venir. Nous avons été tellement désistruits de la chose publique, que les révoltés de demain qui auront la chance de gagner, chanteront leur victoire …. et verront les nouveaux politiques parvenus au sommet de l’état aussi lamentables que les précédents. Avant de nous révolter, nous devons nous réinstruire de la vie en société, pour savoir comment l’organisation de notre vie en société doit être conçue pour bien fonctionner. Qui inventera la charte de cette vie en société. J’en ai fait le schéma. Le voulez-vous ? Pierre.Bellenger@wanadoo.fr

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