Massu démis de ses fonctions par de Gaulle

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Acte 1 – Massu piégé par la presse

Après bien des réticences, Massu avait accordé un entretien au journaliste allemand Hans Ulrich Kempski pour le journal munichois Suddentsche Zeitung. Au cours de la conversation le général avait parlé librement, demandant toutefois au reporter de passer sous silence les déclarations qu’il venait de lui faire, en confidence.

Quarante-huit heures plus tard c’était le scandale. Reprises par l’agence United Press, les déclarations exclusives de Massu, mal interprétées et agrémentées de commentaires pernicieux, faisaient la « une » de tous les journaux.

En bref, il ressortait que l’armée française faisait en Algérie, à contrecœur, la politique du général de Gaulle et que si ce dernier persistait dans son projet d’autodétermination, qui ne pouvait conduire qu’à l’abandon de l’Algérie française, il pourrait bien y avoir, avant peu, du grabuge… Irrité d’avoir été berné, d’une part, et de la publicité faite à ses déclarations, d’autre part, le vainqueur de la bataille d’Alger eut beau démentir, protester de sa bonne foi, de Gaulle le rappelait à Paris et le relevait de son commandement.

Présent à Alger depuis le 7 janvier 1957 pour tenter de mettre fin à l’offensive du FLN, il avait été promu, il y a un an et demi, général de division et avait alors pris la tête du corps d’armée d’Alger.

Acte 2 – La semaine des barricades

La semaine des barricades désigne les journées insurrectionnelles qui se sont déroulée du 24 janvier au 1 février 1960 à Alger durant la Guerre d’Algérie (1954-1962). Son instigateur Pierre Lagaillarde (28 ans) député d’Alger (et ex-parachutiste) ainsi que ses acolytes Joseph Ortiz (47 ans), patron du bar algérois le Forum, et Robert Martel (42 ans), agriculteur de la Mitidja, organisent une manifestation au cours de laquelle une partie de la population algérienne d’origine européenne et musulmane manifeste son mécontentement face à la mutation en métropole du général Massu, le 19 janvier 1960, sur décision du président Charles de Gaulle. Des barricades sont dressées rue Michelet et rue Charles Péguy.

Acte 3 – Le chef de l’Etat félicite Michel Debré

Je tiens à vous répéter que j’ai été fort satisfait de constater la fermeté presque unanime et catégorique du Conseil des ministres d’aujourd’hui.

Le rétablissement de l’ordre (c’est-à-dire la liquidation sur le terrain de l’insurrection, puis le châtiment des meneurs[1]) est un impératif absolu Même s’il peut être utile de procéder sur place avec quelque adresse, le but à atteindre, dès que possible et sans réserve, c’est l’occupation par la force des réduits et des barricades de l’émeute. Pour commencer, il est intolérable que les insurgés communiquent à leur gré avec l’extérieur. Nul ne croira que, dès à présent, la gendarmerie et la garde mobile ne sont pas en mesure d’interdire la circulation des gens autour des bâtiments tenus par les rebelles.

Pour la suite, il peut être nécessaire de constituer, par prélèvements adéquats sur les 400 000 hommes de l’armée en Algérie, le « groupement » terrestre et aérien qui procédera à l’opération. Il ne manque certainement pas de colonels capables de le commander. Au moment voulu, d’ailleurs, il faudra que le commandant du corps d’armée, voire le commandant en chef, soient présents sur le terrain.

Enfin, il faut que le ministre des Armées procède sans délai au « nettoyage » des états-majors. M. Guillaumat sait quels sont les officiers dont nous ne tirerons rien de bon. Ces officiers doivent être mutés dans la métropole.


[1] Allusion à l’émeute sur le Forum à Alger, le 24 janvier 1960, au cours de laquelle une fusillade éclate, vers 18 h, sur le 4e escadron (dépourvu de munitions) de la 3e Légion de gendarmerie mobile. Les manifestants « tirent dans le tas », tuant et blessant à la fois des gendarmes, des civils et certains de leurs camarades des unités territoriales. Deux régiments de parachutistes, en renfort à droite et à gauche des gendarmes, se sont abstenus d’intervenir.

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