De Gaulle à Tananarive

 

Le Général de Gaulle s’est rendu le 8 juillet 1959 à Tananarive pour présider une réunion du Conseil exécutif de la Communauté. A cette occasion, il prend la parole au stade de Maliainasina.

 

J’étais venu ici déjà. Mais, comme le dit votre proverbe, « Quand on a, une fois. bu l’eau de votre rivière, on revient toujours en boire. » Me voici donc, de nouveau !

Cette fois, aux côtés du Président Tsiranana, du Premier ministre de France, Michel Debré, et des chefs de gouvernement de onze États africains. Comment ne pas vous dire d’abord quelle émotion et quel encouragement je trouve dans l’accueil magnifique que m’ont fait Madagascar et sa grande capitale Tananarive ?

Comment ne pas assurer M. le Président de la République malgache et le Secrétaire d’État chargé de la province, que leurs nobles paroles ont été jusqu’au fond de mon cœur ? Ici même, je déclarais l’an dernier : « Vous, Malgaches, vous serez bientôt un État, comme vous l’étiez au temps où était habité ce palais de vos rois qui domine Tananarive ». C’est fait, l’État malgache existe. Librement, en toute indépendance, les citoyens de votre pays ont décidé qu’il en soit ainsi et que Madagascar fasse partie de la Communauté qu’il lui était proposé de former avec la France et avec les jeunes États d’Afrique.

De son côté, le peuple français et les peuples de onze États africains ont rendu le même verdict. Ainsi est constitué un grand ensemble dont chacun des membres peut, s’il le veut, se séparer, mais dont tous ceux qui y adhèrent sont résolus à rester unis sur la base de la Liberté, de l’Égalité, de la Fraternité. Pourquoi nous sommes-nous unis ? Pour trois grandes raisons, d’ailleurs liées entre elles et qui nous sont imposées, non seulement par notre amitié, mais aussi par le temps où nous sommes et par le monde où nous vivons. La première raison, c’est la nécessité de développer nos pays, d’aider les hommes et les femmes qui les habitent à accéder au progrès. Aujourd’hui, plus que jamais, on dépérit si l’on ne progresse. Mais tout ce que le développement moderne comporte d’organisation, de technique, d’instruction, de ressources, ne peut se trouver et ne peut être mis en œuvre que dans un grand ensemble humain. Or, notre Communauté constitue un tel ensemble. Et nous l’avons faite en premier lieu sous le signe de l’efficacité. Nous nous sommes unis aussi parce que nous sommes des hommes libres et que nous voulons le rester. La liberté se gagne, à coup sûr. Mais aussi, elle se défend. Comment le faire si l’on est isolé, livré à soi-même, alors que la menace plane sur le monde entier et qu’il faut, pour la détourner, a fortiori pour la repousser, des moyens puissants et étendus? Notre Communauté est la condition de notre sécurité. Enfin nous nous sommes unis pour donner l’exemple au monde. Puisque des peuples aussi éloignés et, en apparence, aussi différents, s’accordent en toute amitié, matériellement, intellectuellement, moralement, pourquoi tant d’autres peuples qui tendent, à s’opposer les uns aux autres, d’un bout à l’autre de la terre, n’en feraient-ils pas autant ?

Notre Communauté, qu’est-elle, sinon l’exemple de la fraternité ?

Merci au peuple malgache, si aimable, si vivant, et pour lequel le peuple français a tant d’estime et d’attachement ! Vive Madagascar !

Vivent les onze peuples africains, nos frères Vive la France ! Vive la Communauté !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*