L’UMP a aussi perdu contre les divers droite

  • Laureline Dupont – Marianne

(dessin : Louison)L’UMP a perdu contre la gauche, l’UMP a perdu contre l’abstention, mais l’UMP a aussi perdu contre la droite. Dans sept cantons, des candidats du parti majoritaire se sont inclinés devant des candidats divers droite. Preuve de l’implosion qui menace l’UMP ?

 

« S’ils veulent mettre en danger notre unité, ils ne le feront pas avec notre complicité. » Centristes, radicaux, tremblez ! Pas question pour Sarkozy de laisser l’UMP se diviser à un an de la présidentielle. Le rappel à l’ordre adressé par le chef de l’Etat, lundi 28 mars, à Borloo et consorts sonne comme un avertissement teinté d’anxiété. Car si le schisme post-cantonales guette le parti majoritaire, certains hérétiques audacieux ont déjà profité du scrutin pour prendre leur distance. Dans sept cantons, des candidats UMP ont perdu face à ces candidats divers droite (DVD). Même si ces défaites n’apparaissent pas dans les chiffres du ministère puisque, comme le révélait Marianne2, les scores des candidats DVD vainqueurs ont été comptabilisés par le magicien Guéant dans les résultats obtenus par l’UMP, ces dissidences mettent en lumière l’effritement de l’harmonieuse unité umpiste.

Antisarkozysme dans les Hauts-de-seine

Fief électoral de Nicolas Sarkozy, les Hauts-de-Seine ont payé le prix des divisions. Marraine politique de Jean Sarkozy, Isabelle Balkany, a échoué dimanche aux portes de la victoire. Candidate sur le canton de Levallois-Sud, conseillère sortante et première adjointe au maire de Levallois-Perret, l’amie du président a perdu malgré son implantation locale de longue date face à Arnaud de Courson, candidat presque inconnu au bataillon, vaguement maire-adjoint de Levallois de 1995 à 2001.

Même scénario à Neuilly où Jean-Christophe Fromantin, maire de la ville depuis 2008, a largement battu Marie-Cécile Ménard, candidate UMP sortante. Candidat divers droite aux dernières municipales, Fromantin dénonce à l’époque le parachutage de David Martinon à Neuilly, « considérée comme une rente que l’on avait donné à quelqu’un pour bons et loyaux et services ». Depuis son élection, celui qui a mis à mal les plans du chef de l’Etat doit faire face à l’omniprésence de Jean Sarkozy, qu’il soupçonne de vouloir rafler la mise aux prochaines municipales de 2012. Mais pas question pour Fromantin de laisser le territoire aux mains des Sarkozy. Sa victoire aux cantonales contre la candidate UMP confirme sa stature de quasi opposant au pouvoir sarkozyste.

Si la droite reste majoritaire dans ce département, la victoire de Fromantin et la défaite de Balkany revêtent des allures de symbole. Symboles de l’antisarkozysme ? La réélection, sur le canton de Bourg-la-Reine, de Patrick Devedjian, président sortant du département en froid avec les Sarkozy père et fils, corroborerait presque l’hypothèse, si ce n’est d’un rejet, au moins d’une défiance à l’égard du président dans le 92. Exit les proches du chef de l’Etat, les électeurs des Hauts-de-Seine déroulent le tapis rouge à tous ceux qui ont choisi de s’en éloigner. « L’impopularité de l’exécutif rejaillit sur l’UMP, ce qui peut ouvrir un espace à tous les candidats qui ont choisi de s’en éloigner, analyse Jérome Fourquet de l’IFOP. La quintessence de tout cela, c’est le cas des Hauts-de-Seine : le fait que Balkany soit torpillée et Devedjian réélu illustre parfaitement cette idée. » Jean Sarkozy a beau souhaiter que « dans notre département, comme ailleurs, se  réalise l’union de sa famille politique », c’est oublié bien vite que l’union vient d’être sévèrement endommagée.

Désir de proximité dans les Yvelines

Autre département, autre histoire. Les Yvelines ont été le théâtre de la percée des candidats sans étiquette. Outre le cas de Marie-Hélène Aubert, candidate « indépendante », qui a fait subir à l’UMP Jean-Marc Le Rudulier, un échec cuisant, trois candidats divers droite ont eu raison de leurs rivaux de l’UMP aux termes du second tour.

La conseillère UMP sortante, Catherine Péricard, s’est inclinée à Saint-Germain-en-Laye face au dissident UMP et maire adjoint de la ville, Philippe Pivert.

Sur le canton de Versailles-Nord-Ouest, le sortant UMP Bertrand Devys a été devancé de 338 voix par Olivier de La faire, du Parti chrétien-démocrate de Christine Boutin.

Enfin, sur le canton du Chesnay, le sortant Jean-Louis Berthet adoubé par l’UMP a échoué face à son rival Philippe Brillault, maire divers droite du Chesnay, exclu de l’UMP en 2007 parce qu’il s’était présenté aux législatives contre Christian Blanc, le député sortant.

Ces trois cas de figure appellent deux remarques : premièrement, tous les candidats UMP vaincus étaient des conseillers généraux sortants. Deuxièmement, sur trois gagnants, deux exercent des fonctions locales (maire ou maire adjoint). A ces exemples, on peut ajouter celui de Dominique Perben, conseiller sortant à Lyon, battu par Jean-Jacques David, maire du 6e arrondissement.

« On s’aperçoit que l’implantation et la personnalité du candidat entrent en ligne de compte », observe Jérome Fourquet. Autrement dit, l’étiquette UMP n’est pas gage de victoire. A la notoriété, les électeurs préfèrent parfois l’efficacité et la proximité. Philippe Pivert, candidat DVD à Saint-Germain-en-Laye, a construit sa campagne sur son image d’élu de proximité. « La réalité sociale je la connais », a-t-il martelé.

Voilà peut-être la clé de la réussite : une appréhension juste, fondée sur un travail de terrain, de la situation de l’opinion. Le taux record d’abstention (55,22%) indiquait déjà l’agacement et l’insatisfaction d’un électorat qui, même politisé, ne se sent plus représenté par une classe politique trop loin de ses préoccupations réelles. Le sondage IFOP pour Marianne révélait qu’une majorité de nos concitoyens doutait de la réalité du clivage entre droite et gauche et les capacités d’action de nos hommes et femmes politiques. La victoire de ces candidats divers droite souvent peu connus du grand public contre les candidats du parti majoritaire met en exergue le désir de changement réclamé dans les urnes par des électeurs sceptiques quant à la déconnexion des élites.

1 commentaire sur L’UMP a aussi perdu contre les divers droite

  1. DELACROIX // 30 mars 2011 à 14 h 00 min //

    Vous avez oublié la splendide victoire de M. Jean Claude CARON à .-Rueil-Malmaison
    qui était le conseiller sortant au service de sa ville depuis 1992et qui normalement aurait du remplacer M BAUMEL
    a la tété de la mairie .
    UMP à décidée de parachuter M. OLLIER , qui a voulu écarter le bon serviteur CARON POUR UNE FOIS NOTRE AMI NE SAIS PAS LAISS2 FAIRE ET LE RÉSULTAT EST SANS CONTESTATION 60%POUR CARON
    R.DELACROIX

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