Présidence Sarkozy, un fiasco diplomatique historique…

… la vraie tache sur le drapeau

Par Nicolas Dupont-Aignan

 

3052700311_fe601f77ba Comme député de la nation française, je suis triste et absolument abasourdi par l’enchaînement catastrophique des erreurs diplomatiques commises sous la présidence Sarkozy, et affolé de voir comment la parole de la France – qui avait encore une réelle portée dans le monde – a été réduite à néant en l’espace de quelques années.

Notre pays véhiculait un message universel de liberté et sa voix avait toujours un sens, notamment pour les pays arabes : il est vrai que le Général de Gaulle avait su y porter notre message mieux que quiconque. Aujourd’hui, l’Elysée en est réduit à supprimer de son site officiel les photos de Sarkozy avec les différents dictateurs lors de leurs visites officielles à Paris, au fur et à mesure qu’ils répriment leurs peuples dans le sang. Quel immense gâchis !

Il me serait d’ailleurs – aussi incroyable que cela puisse paraître – impossible de faire la liste des scandales et des graves erreurs qui ont mis la France à la une des journaux étrangers, et qui ont provoqué hilarité, mépris ou stupéfaction de la part de la communauté internationale.

Passons tout d’abord sur le ridicule discours de Sarkozy à Dakar qui a néanmoins rapidement donné le ton de la politique étrangère du trio Sarkozy-Guéant-Levitte.

 

 

Passons sur les péripéties de la libération des infirmières bulgares en compagnie de Cécilia et de Boris Boillon (déjà lui).

Passons sur la stigmatisation indigne des Roms à l’été 2010 et la vraie-fausse démission du docteur Bernard Kouchner.

Passons sur l’épisode des jeux Olympiques à Pékin et l’accord officiellement signé par l’UMP (dont Sarkozy se revendique fièrement le patron) avec le PCC, parti au pouvoir d’une dictature tout aussi répressive que puissante économiquement.

Passons sur la présence de Patrick Balkany dans la délégation officielle de la plupart des voyages en Afrique du président.

Passons sur l’atlantisme outrancier de Nicolas Sarkozy ainsi que celui de François Fillon pressé de se rendre à l’Ambassade des USA lors de la campagne de 2007 y assurer qu’un « gouvernement Sarkozy serait plus apte à travailler avec les Etats-Unis » que celui de Jacques Chirac, qui avait lui osé dire « non » à la guerre en Irak.

Passons sur les ubuesques vacances du président Sarkozy dans le ranch du très critiquable président George W Bush, à Wolfboro.

Passons sur la brouille récente avec le Mexique, en raison de la médiatisation excessive d’une affaire que la diplomatie aurait dû gérer dans la discrétion.

Bref, passons sur beaucoup de choses et laissons-leur le bénéfice du doute, celui de l’implacable « realpolitik » qui impose ses choix au nom de la raison d’Etat.

Mais plus profondément, c’est bien la cohérence de l’ensemble de la politique étrangère du président Sarkozy qui est aujourd’hui à mettre à l’index : arrêtons-nous dès lors sur quelques choix que rien ne saurait justifier.

– C’est d’abord la Tunisie. Il est tout même stupéfiant que je sois le seul responsable politique français à avoir dénoncé le régime de Ben Ali alors qu’il était encore en place, et alors que pourtant la police du régime tunisien tirait sur les manifestants à balles réelles, que de simples citoyens tunisiens – ouvriers, étudiants ou enseignants – étaient tués de balles en pleine tête.

Dans ces conditions, la sortie devant le Parlement de Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères – ministère hautement régalien – proposant au gouvernement de Ben Ali une « aide au maintien de l’ordre », aurait dû entraîner sa mise à l’écart instantanée et immédiate par le président Sarkozy. Ce ne fut pas le cas.

Alors bien sûr, vous me rappellerez que le ministre n’a été sauvée que par… un autre scandale : on découvrait en effet que le premier ministre Fillon avait été logé pendant ses vacances par le dictateur Moubarak ! Il fallait déjà se pincer pour y croire…

Tout cela serait d’ailleurs risible s’il n’y avait pas en jeu la liberté et la vie de millions d’hommes et de femmes, et le prestige de la France sur la scène internationale.

– De manière plus générale, ce fut le flot incroyable de révélations sur les liens qu’entretiennent nos ministres avec les oligarchies en place dans ces régimes qui avait de quoi choquer.

Ces liens incestueux entre nos élites et les oligarques corrompus ont d’ailleurs trouvé leur plus forte et leur plus triste expression avec la Libye, et la tyrannie inouïe de celui que l’on a autorisé à planter sa tente à l’Elysée comme toujours au nom de la lutte contre le terrorisme, mais surtout en échange de ventes d’armes et de livraisons de gaz et de pétrole. Parmi les contrats signés, des missiles antichars « Milan » et un réseau de communication sécurisé « Tetra » pour la police Lybienne : 300 millions d’euros au total selon la presse. La Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre a quant à elle autorisé pour 30,5 millions d’exportation en 2009 ! Imaginez ! La même police à laquelle Kadhafi a demandé une « boucherie » contre son peuple, et les mêmes matériels de guerre qui servent en ce moment même au massacre contre les populations civiles.

Honnêtement, j’ai honte pour mon pays.

Cette fois, une tache vient vraiment d’éclabousser notre drapeau : une tache de sang. Aucun gouvernement français n’avait le droit de vendre des armes de cette nature à un tel fou. Aucune raison d’Etat ne saurait le justifier, et certainement pas l’amitié de Patrick Ollier, autre ministre de la République pour le « Colonel » Kadhafi.

Je ne peux en effet m’empêcher de citer de nouveau Patrick Ollier, compagnon de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, qui déclarait en 2007 « Kadhafi n’est plus le même qu’il y a vingt ans et a soif de respectabilité. Il lit d’ailleurs Montesquieu. » Comment trouver un adjectif suffisamment dur pour qualifier une déclaration aussi surréaliste du ministre ?! Sans parler de l’attitude de notre nouvel ambassadeur de France en Tunisie qui avouait sur le plateau de Canal Plus que Kadhafi le considère comme « son fils ».

Et quand on pense que c’est Nicolas Sarkozy qui déclarait en 2007 devant le Parlement européen : « tous ceux qui ont fait l’expérience de renoncer à la défense des droits de l’homme au bénéfice de contrats, n’ont pas eu les contrats, et ont perdu sur le terrain des valeurs. »

Et plus largement encore, où sont passés les champions de l’ingérence humanitaire, les mêmes qui justifient la présence militaire en Afghanistan et en Irak au nom de la liberté et de la démocratie, les mêmes qui ont vendu des armes à Kadhafi au nom de la lutte contre le terrorisme ?

C’est aujourd’hui qu’il faudrait intervenir, en Libye et pour protéger des femmes et des enfants victimes d’un génocide mené par un fou, et non pas promettre comme le fait l’UE des « sanctions » qui ne feront mal qu’au peuple Libyen, épargnant comme toujours ceux qui s’enrichiront sur le marché noir et la corruption.

Où sont d’ailleurs passés tous ceux qui sont censés défendre la liberté et qui se sont tus si violemment pendant des semaines, alors que leur devoir était au contraire de soutenir les peuples arabes en révolution pour leur liberté ? Ah, qu’il est bien triste leur devoir d’ingérence à la géométrie variable des intérêts pétroliers et des alliances douteuses.

Car il ne fallait bien sûr rien attendre de la gauche mondialiste, et encore moins du Parti Socialiste. Incapables de bouger une oreille qu’ils étaient, puisque tout autant empêtrés (pour ne pas dire compromis) dans des amitiés douteuses. Le mini-scandale qui a éclaboussé Elisabeth Guigou quelques jours après ses critiques des vacances de Michèle Alliot-Marie pour ses propres relations avec l’homme d’affaires Aziz Miled (elle était co-présidente d’un organisme dont il était lui-même vice-président…) est emblématique : c’est le fameux : « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ».

Comment s’étonner dès lors que 80% des français ne fassent plus confiance ni à la droite, ni à la gauche pour défendre leurs intérêts ?

Mais malgré tout, puisque c’est l’UMP qui est au pouvoir et que certains en son sein se revendiquent Gaulliste (quelle imposture !), comment peuvent-ils aujourd’hui tolérer un Ministère des Affaires Etrangères qui ne dit plus rien sur rien, si ce n’est quelques communiqués de presse laconiques d’une affligeante banalité, uniquement pour se couvrir d’un nouveau scandale médiatique lorsque les événements deviennent ouvertement intolérables ?

Comment rester muet face à la répression aveugle au Yémen, face aux assassinat de civils du régime au Barhein ?

Pourquoi se taire face à la poursuite de la colonisation en Palestine, en violation de toutes les lois et conventions internationales ? Autant de sujets sur lesquels la France – complètement dépassée par un alignement aveugle sur les Etats-Unis – ne dit désormais plus rien !

Il semblerait donc que Nicolas Sarkozy, lui qui promettait une République irréprochable, ait fait le choix d’une realpolitik à deux vitesses : faible avec les forts, fort avec les faibles.

 

Une realpolitik, en tout cas, qui ménage des intérêts qui nous échappent, à défaut de nous effrayer lorsque l’on pense les découvrir ou les comprendre.

Ce qui est une certitude en revanche – et c’est ce qui m’attriste le plus profondément – c’est que la France envoie néanmoins toujours ses enfants mourir en Afghanistan dans une guerre qui n’est pas la leur, combattre pour des intérêts qui ne sont pas ceux de la France.

Alors là encore, combien d’erreurs, combien de morts et combien de scandales avant le retrait ?

Combien de larmes avant de laver l’honneur sali de la patrie ?

7 commentaires sur Présidence Sarkozy, un fiasco diplomatique historique…

  1. Je pense que ,quand on est gaulliste .On doit défendre la cause gaulliste ,et pas les partis politiques comme L’U.M.P . C’est un parti poltique qui a jeter la France dans l’O.T.A.N ; Charles de Gaulle avait quitté cette organisation en 1966 .Si j’ai bonne mémoire encore .Il était pour une Europe des Nations .Il était pour l’indépendance nationale de notre beau pays .Il tenait aussi à notre propre monnaie nationale .Il était l’ami des pays arabes .Il défendais la francophonie ,les valeurs morales et patriotique ,la cause nationaliste tout le contraire du F.N ; Il aurait jamais bradé notre si jolie nation à la bureaucratie de Bruxelles ;ni notre défense nationale ,ni nos P.M.E ,et P.M.I ni notre agriculture ,ni notre économie nationale ,ni notre si chère monnaie ,le franc .Ni notre propre patrimoine . Il aurait dit non à l’euro ,à l U.E ,à l’O.T.A.N ;Il aurait défendu la Nation Française autrement que ça ! Alors que l’U.M.P et amis ;N.C P.S .P.R.G Verts ,MoDem sont pour le parti de l’étranger etc ….! Sont pour les U.S.A etc …! Sans oublier que le F.N .La N.D.P rêvent d’un retour au régime de Vichy ,et que le P.C.F et le P de G penchent du côté de Pekin .Non vraiment défendons les partis gaullistes comme .D.L.R . R.S . M.P.F .C.N.R ,R.P.F .Voilà la vraie défense de la France .

  2. Vous confondez « lèche » et objectivité. Ce site est indépendant des structures partisannes, donc des partis politiques. Il participe à la défense du Gaullisme, donc de la France. C’est sa seule raison d’exister.
    Quant à votre vote en 2007, je pense que c’est un oubli de votre part : Nicolas Dupont-Aignan n’était pas candidat.

  3. Henri ETIENNE // 6 mars 2011 à 14 h 32 min //

    Monsieur le Député,
    « Qui aime bien chatie bien ». Je suis vos déclarations et vous lis depuis longtemps, j’ai même voté pour vous aux dernières présidentielles . Je partage beaucoup de vos convictions même si je trouve un peu outrancier votre anti sarkozisme, qui est parfois excessif, en particulier dans le verbe, et alors que vous devez avoir une posture gaulienne. Je trouve que dans ce dernier billet, la formule « j’ai honte pour mon pays » n’est pas digne. Jamais de Gaulle bien sûr ne l’aurait employé, je ne crois pas l’avoir lu de la période de 40. Je ne l’ai pas pensé de notre pays dirigé par l’auteur du faux attentat de l’Observatoire. Elle est un lieu commun dans les médias minables qui rapportent les mots d’esprit de tous ces gauchos qui l’emploient après chaque décision de notre pays qui ne correspond pas à la dictature de leur vue, bref, elle fait « politichien » comme disait, en privé, le grand Charles. Alors attention. Attention à ne pas s’emporter à ce niveau. Il faut trouver un autre verbatim que celui-là. un verbatim qui élève. Dîtes le discours qu’aurait dû en cette révolution arable Sarkozy, ou, essayez-vous à imaginer ce qu’aurait pu en dire un de Gaulle. Il ne faut jamais avoir honte de notre pays car même lorsqu’il y a des circonstances honteuses (l’occupation de la France sous Jeanne d’Arc ou en 40 avec la complicité de gouvernants français), ces circonstances ne correspondent pas à notre pays réel. C’est bien pour cela que Chirac et Villepin sont gravement coupables d’avoir confondu la France avec l’Etat français de Vichy pour nous excuser de la déportation. Mais il est vrai qu’eux ne sont pas gaullistes. C’est un autre étonnement d’ailleurs de voir, sur ce site gaullisme.fr, autant de lèche de Villepin…M’enfin…Donc, nous restons fiers de notre pays.

  4. Ah, Sainte colère !
    Il fallait cela pour nous laver de cette boue !

  5. Pierre LANCE // 2 mars 2011 à 9 h 32 min //

    En tant que gaulliste, patriote et libéral, je suis indigné et absolument abasourdi par les propos outranciers et totalement stupides de M. Dupont-Aignan. Mais pour qui se prend-il ? « La parole de la France réduite à néant » ? C’est tout bonnement grotesque. La parole de ce monsieur doit elle-même retourner au néant, dont elle n’aurait jamais dû sortir. Pierre Lance

  6. Comme d’habitude, l’analyse de NDA est pertinente, claire, simple, empreinte de la grandeur nécessaire et revendiquée pour le pays, montrant clairement qu’il n’y a à l’heure actuelle qu’un seul politicien en exercice vraiment digne de la fonction présidentielle, comme héritier et continuateur du gaullisme : Dupont-Aignan.
    Bravo Nicolas : hasta la victoria siempre, comme dirait l’autre …

  7. Les gaullistes ont oublié depuis longtemps que le Général par les institutions de la Vè avait voulu instaurer une monarchie élective qui était un compromis entre notre tradition monarchique et royale, et notre tradition républicaine. C’est pour quoi il a entretenu une correspondance et une relation avec le Chef de la Maison de France dès son retour d’exil en 1950 et jusqu’à la mort du Général.
    En 1965 il était question que le Comte de Paris se présente à l’élection présidentielle pour lui succéder et prolonger son oeuvre. Tel ne fût pas le cas et depuis cette époque les héritiers du Général n’ont cessé de la détruire (le quinquennat), le comble étant que des gaullistes puissent servir le plus anti ou a-gaulliste des présidents Nicolas Sarkozy ! Le Général était conscient que, tôt ou tard, tout serait à recommencer. Et bien nous y sommes ! Le seul à tenter cela est Nicolas Dupont-Aignan mais il se trouve face à une concurrence redoutable Marine Le Pen qui va faire une mue à son parti telle qu’elle est bien partie pour battre NS au premier tour.
    Il est regrettable que vous et la plupart des gaullistes ignoriez cette petite formation politique La Nouvelle action royaliste qui, sous l’égide de Bertrand Renouvin, s’inspire de l’oeuvre et de l’action du Général De Gaulle et de feu le Comte de Paris dans un esprit républicain au sens classique de la Res Publica : le bien commun, la chose du peuple.
    Les authentiques gaullistes ont pu faire campagne en 2002 comme la NAR pour Jean Pierre Chevènement qui fût le fédérateur qui nous manque actuellement pour rassembler tous les patriotes d’où qu’ils viennent : républicains, socialistes, royalistes et même communistes!
    Tout est à reconstruire : il faut s’inspirer du programme du Conseil National de la Résistance élaboré en mars 1944 sous l’égide du Général De Gaulle et inscrit en préambule de la Constitution de la IVè et repris dans celle de la Vè République !!

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