Elections législatives en Algérie

 

  • 9 octobre 58

Lettre au général d’armée Raoul Salan

salan

  

Mon cher général,

Le gouvernement a décidé que l’Algérie, comme la métropole, élirait ses représentants à l’Assemblée nationale le 23 novembre prochain.

Cette élection s’effectuera pour l’Algérie au scrutin majoritaire à un tour.

L’intérêt supérieur du pays exige que la consultation ait lieu dans des conditions de liberté et de sincérité absolues et que des listes représentatives de toutes les tendances, je dis de toutes les tendances, puissent solliciter, concurremment et au même titre, les suffrages des électeurs.

Vous voudrez bien, en conséquence, vous conformer aux directives ci-jointes.

Croyez, mon cher général, à mes sentiments cordiaux.

 

Instructions générales pour la préparation des élections législatives en Algérie

La consultation électorale doit être loyale. Toutes les opinions devront pouvoir s’exprimer et tous les candidats pouvoir se présenter et faire campagne, quel que puisse être leur programme, y compris en ce qui concerne le statut ou le destin politique de l’Algérie.

Il appartiendra aux autorités responsables d’assurer aux candidats des divers partis l’exercice de ce droit. Aucune mesure restrictive de cette liberté et imposée par les nécessités de l’ordre public ne pourra être prise après avis de la commission de contrôle.

Seuls seront exclus les individus qui participent à l’action terroriste et tombent de ce fait sous le coup d’une inculpation pénale.

Les saisies de journaux locaux ou métropolitains ne pourront être ordonnées que si les articles incriminés sont de nature à entraîner des poursuites judiciaires.

J’attache une extrême importance à ce qu’il y ait une véritable compétition, c’est-à-dire qu’il puisse exister des listes concurrentes. Le pire écueil serait la constitution de listes uniques favorisées par l’autorité officielle.

Le but à atteindre consiste à obtenir que commence à se révéler librement une élite politique algérienne.

C’est ainsi que pourra être peu à peu comblé le vide politique qui est une des caractéristiques les plus préoccupantes de l’Algérie actuelle et a, dans une certaine mesure, dérouté l’opinion métropolitaine et ouvert la voie aux meneurs de la rébellion.

Les fonctionnaires et les militaires se trouvant actuellement en Algérie, ou y ayant exercé des fonctions jusqu’à une date remontant à au moins d’un an, ne sauraient être autorisés à faire acte de candidature.

Le moment est venu, d’autre part, où les militaires doivent cesser de faire partie de toutes organisations qui revêtent un caractère politique. Quelles que soient les raisons qui, dans les circonstances qu’a traversées l’Algérie depuis le mois de mai, ont pu exceptionnellement motiver leur participation, rien ne saurait plus désormais justifier leur appartenance à de telles formations. Je prescris qu’ils s’en retirent sans délai.

Il me sera rendu compte des mesures prises pour l’exécution de cette instruction.

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