Plan de Constantine

 

T6-SCAN002522 Algériennes, Algériens, Je suis venu ici pour vous l’annoncer : C’est la transformation profonde de ce pays si courageux, si vivant, mais aussi si difficile et souffrant qu’il faut réaliser. Cela veut dire qu’il est nécessaire que les conditions de vie de chacune et de chacun s’améliorent de jour en jour. Cela veut dire que le travail des habitants, les ressources du sol, la valeur des élites, doivent être mis au jour et développés. Cela veut dire que les enfants doivent être instruits. Cela veut dire que l’Algérie toute entière doit avoir sa part de ce que la civilisation moderne peut et doit apporter aux hommes en fait de bien-être et de dignité. Mais, les plus grands projets ne valent qu’en fonction des mesures pratiques qui sont prises pour les réaliser. Voici les mesures que mon gouvernement va incessamment prescrire pour les cinq années qui viennent, en vertu des pleins pouvoirs qui viennent par la Constitution nouvelle de m’être tout justement conférés. Cette évolution profonde, à quoi peut-elle conduire quant au statut politique de l’Algérie ? Je crois tout à fait inutile de figer d’avance dans des mots, ce que de toute manière l’entreprise va peu à peu dessiner. Mais en tout cas, deux choses sont dès à présent certaines. La première concerne le présent. Dans deux mois, l’Algérie élira ses représentants dans les mêmes conditions que le fera la métropole. Mais, il faudra qu’au moins les deux tiers de ses représentants soient des citoyens musulmans. Autre chose se rapporte à l’avenir. L’avenir de l’Algérie, de toute façon, parce que c’est la nature des choses, sera bâti sur une double base, sa personnalité et sa solidarité étroite avec la métropole française. Alors, me tournant vers ceux qui prolongent une lutte fratricide, qui organisent en métropole de lamentables attentats, qui répandent à travers les chancelleries, les officines, les radios, les feuilles publiques de certaines capitales étrangères, les invectives qu’ils adressent à la France. Je leur dis à ceux-là : pourquoi tuer ? Il faut faire vivre. Pourquoi détruire ? Le devoir est de construire. Pourquoi haïr ? Il s’agit de coopérer. Cessez ces combats absurdes, et aussitôt, on verra l’espérance refleurir partout, sur les terres de l’Algérie. On verra se vider les prisons, on verra s’ouvrir un avenir assez grand pour tout le monde, en particulier pour vous-mêmes. Et puis, m’adressant, m’adressant à tels Etats qui jettent ici de l’huile sur le feu, tandis que leur peuple douloureux halètent sous les dictatures, je leur déclare : Ce que la France est en mesure d’accomplir ici, ce que la France seulement est en mesure de réaliser, pouvez-vous le faire vous autres ? Non. Alors ? Alors, laissez faire la France, à moins que vos calculs ne vous forcent à envenimer les déchirements pour donner le change sur vos propres embarras. Mais les haineuses excitations, dans l’état où est le monde, à quoi peuvent-elles conduire sinon au cataclysme universel. Devant la race des hommes aujourd’hui, il n’y a que deux routes : la guerre ou la fraternité. En Algérie comme partout, la France, pour sa part, a choisi la Fraternité. Vive la République, vive l’Algérie et la France !

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Conséquence du plan de Constantine, une barre imposante d'immeubles contraste avec des ruines anciennes situées sur les hauteurs d'Alger. Le Plan de développement économique et social en Algérie ou Plan de Constantine (1959-1963) est un programme économique élaboré par le gouvernement français en 1958 au plus fort de la Guerre d’Algérie après l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, qui annonce publiquement son lancement dans un discours devant la préfecture de Constantine le 3 octobre 1958. Visant à la valorisation de l’ensemble des ressources de l’Algérie, ce plan était aussi destiné à l’affaiblissement politique du FLN. Il s’inspire de travaux menés précédemment : le rapport de la Commission Maspetiol sur les relations financières entre l’Algérie et la métropole (juin 1955) et les perspectives décennales du développement économique de l’Algérie (mars 1958). C’est à Paul Delouvrier, un brillant inspecteur des Finances qui a fait carrière dans divers cabinets ministériels de la IVe république que revient la mission de le mettre en œuvre. Délégué général du gouvernement en Algérie de 1958 à 1960, il doit conduire conjointement la pacification. Le plan de Constantine, s’inspirant en cela de la planification mise en place pour la reconstruction après-guerre en métropole, se veut indicatif et non-contraignant. Il prévoit des investissements à la fois publics et privés, à hauteur de 50% chacun. Les principaux objectifs fixés par ce plan sont :

– la construction de 200.000 logements, permettant d’héberger 1 million de personnes ;

– la redistribution de 250.000 hectares de terres agricoles ;

– le développement de l’irrigation ;

– la création de 400.000 emplois industriels ;

– la scolarisation de tous les enfants en âge d’être scolarisés à l’horizon de 1966 ;

– l’emploi d’une proportion accrue de Français musulmans d’Algérie dans la fonction publique (10%) ;

– l’alignement des salaires et revenus sur la métropole.

Le programme d’industrialisation envisagé s’appuie à la fois sur des aides directes et indirectes aux entreprises privées investissant en Algérie (exemption de certains impôts, subventions à l’investissement à hauteur de 10%), l’aménagement de zones industrielles (notamment celle de Rouiba-Reghaïa, sur 1100 hectares, à l’est d’Alger) et la mise en valeur des ressources en hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) découvertes peu avant dans le Sahara, susceptibles de fournir des ressources d’exportation et une énergie bon marché.

La guerre puis l’indépendance ne permettront que des réalisations limitées et précipitées du plan initial.

Des cités d’habitation destinées à la population « indigène » ont notamment été construites sur le modèle des grands ensembles métropolitains à Alger et dans d’autres grandes villes.

En métropole le plan de Constantine est à l’origine de la création du Fonds d’Action sociale pour les travailleurs musulmans d’Algérie en métropole et pour leur famille (FAS).

1 commentaire sur Plan de Constantine

  1. J’ai appris à lire et à ecrire le français et plus tard l’arabe
    apres l’independance. J’ai continué mes etudes apres l’independance.
    J’ai fait une formation en enseignement moyen que j’ai terminé par l’administration de l’education.Actuellement je suis retraité et en bonne santé.Je ne peus que dire: vive l’algerie!!!

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