Paul Delouvrier, un grand commis de l’Etat

 

p6_intDelouvrier Paul Delouvrier, né le 25 juin 1914 à Remiremont (Vosges) et mort à Provins (Seine-et-Marne) le 16 janvier 1995, est un haut fonctionnaire français sous la IVe et la Ve République, et est un des principaux artisans de la planification qui a remodelé la France pendant les « Trente glorieuses ».

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est à l’école des cadres d’Uriage.

En 1942, il s’engage après la dissolution de l’école dans la Résistance, et devient en 1944 responsable gaulliste d’un maquis.

Ce brillant inspecteur des finances a occupé sous la IVe République de hautes responsabilités dans les cabinets ministériels, l’administration financière et les premières institutions de l’Europe. Il a été membre de l’équipe initiale de Jean Monnet lors de la mise en place du Commissariat au plan.

Après avoir dirigé la Direction Générale des Impôts, où il contribue avec Maurice Lauré à la création de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), il rejoint Jean Monnet à Luxembourg, où il dirige la division Finances de la Haute Autorité de 1955 à 1958. Il contribue aussi en tant qu’expert à l’élaboration des traités de Rome.

Ayant rédigé les statuts de la Banque européenne d’investissement, il deviendra le vice-président de cette institution.

En 1958, il est nommé par le général de Gaulle Délégué Général du gouvernement en Algérie. De 1958 à 1960 il est chargé de la «pacification» et de la mise en application du plan dit de Constantine.

Délégué général au District de la Région de Paris de 1961 à 1969, il est considéré comme le père des «villes nouvelles».

Il est ensuite président d’Électricité de France.

Il termine sa carrière en tant que président de l’Établissement public de la Villette, où il contribue à créer le musée des Sciences et de l’Industrie et la Géode. Un bâtiment du Parc de la Villette, à Paris, porte son nom. Son nom a également été donné au musée de la cathédrale d’Evry (Essonne).

Il est marié avec Louise van Lith. Il est Grand croix de la Légion d’Honneur.

 
 

Directive de Charles de Gaulle pour Paul Delouvrier

 

18 décembre 1958

 

Monsieur le délégué général,

Au moment où vous allez prendre vos fonctions en Algérie, je tiens à vous préciser l’intention dans laquelle le gouvernement vous les confie.

Vous êtes la France en Algérie. La France, c’est-à-dire son but, son autorité, ses moyens. Le problème de l’Algérie est posé entre l’Algérie telle qu’elle est et la France tout entière, non point du tout entre celle-ci et telle ou telle fraction algérienne qui prétendrait imposer à la métropole soit l’abandon, soit l’arbitraire. La volonté du gouvernement est que l’Algérie, à travers les épreuves et malgré les retards, se révèle peu à peu dans sa réalité profonde grâce à l’action menée par toute la France.

À ce titre, il vous faut pacifier et administrer, mais en même temps transformer.

La transformation à réaliser en Algérie dans la période actuelle est, au total, d’ordre humain. Moralement, c’est le contact des hommes, le sentiment d’une véritable égalité des droits, la conviction qu’un grand effort est entrepris pour élever la condition de chacune et de chacun, qu’il s’agit de développer. Matériellement, c’est la mise en valeur économique du pays au profit de tous ses habitants qui doit être menée à bien. Politiquement, socialement, administrativement, c’est à la recherche et à la formation des élites qu’il y a lieu de s’appliquer. Cette promotion humaine implique, évidemment, l’instruction généralisée.

Le développement de l’Algérie est, certes, compromis en permanence par l’insécurité. Rien n’est possible sans l’action militaire de protection ou d’offensive à laquelle vous ne manquerez pas d’attribuer une importance primordiale et pour laquelle vous aurez à vous assurer la collaboration confiante et permanente du général commandant en chef. Vous lui déléguerez dans ce domaine une partie de vos pouvoirs, sans que votre responsabilité supérieure puisse en être aucunement affectée.

Le gouvernement attache une très grande importance à la régularisation de toutes les opérations de police et de toutes les mesures préventives ou répressives auxquelles elles donnent lieu. À ce point de vue, la responsabilité des chefs investis du commandement doit être entière sur le terrain où ils ont à l’exercer : aucun organisme spécialisé, a fortiori aucun individu, ne pouvant y agir que sous leur autorité. D’autre part, vous donnerez à la Commission de sauvegarde instituée par le gouvernement tous les moyens de remplir sa mission et vous mettrez à profit ses enquêtes et son expérience.

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