L’alliance des marchés et de l’Union Européenne

Beaucoup, notamment à gauche, voient dans l’Europe le moyen de dompter les marchés et pour cette raison, ils sont partisans de « plus d’Europe » ou d’une Europe sociale. Ils n’ont pas compris que cette Europe n’a jamais servi que les intérêts du marché et qu’elle ne fera jamais rien d’autre. Il est tout de même assez incroyable de pouvoir encore croire que cette Union Européenne pourrait être un moyen de domestiquer les marchés alors que depuis 25 ans au moins, elle démontre systématiquement le contraire.

 

Pinsollebronse

 

 

Beaucoup, notamment à gauche, voient dans l’Europe le moyen de dompter les marchés et pour cette raison, ils sont partisans de « plus d’Europe » ou d’une Europe sociale. Ils n’ont pas compris que cette Europe n’a jamais servi que les intérêts du marché et qu’elle ne fera jamais rien d’autre.

Naïveté et réalité

Il est tout de même assez incroyable de pouvoir encore croire que cette Union Européenne pourrait être un moyen de domestiquer les marchés alors que depuis 25 ans au moins, elle démontre systématiquement le contraire. Juste en raisonnant par l’absurde, on serait bien incapable de citer aujourd’hui un seul exemple concret de protection. Les plans d’austérité européens démontrent bien aujourd’hui que cette Europe ne nous protège ni de la crise ni de la spéculation.

Aujourd’hui, l’Europe protège les créanciers (refusant la moindre restructuration des dettes souveraines contrairement aux idées avancées par l’Allemagne ou The Economist, qui ne sont pas des farfelus). Elle impose des cures d’austérité violentes aux peuples pour qu’ils honorent rubis sur ongle les créances d’un système financier que la collectivité vient pourtant tout juste de sauver de ses excès il y a un peu plus de deux ans, sauvetage en partie responsable du niveau des dettes.

Une alliance durable

Les évènements récents ont sans doute ouvert les yeux de beaucoup qui ont compris que cette Europe ne défend jamais les peuples mais les asservis à une finance dont elle n’a rien fait pour corriger les excès. Car le problème est plus profond. Il est structurel. Il est dans les gènes (fondamentalement néolibéraux) de cette Europe, éclaboussant tous les traités, qui sanctifient la « concurrence libre et non faussée ». Cette Europe est fondamentalement au service des marchés.

C’est elle qui cherche à permettre un nivellement social et salarial par le bas avec la directive Bolkestein. C’est elle qui cherche à tout prix à imposer les OGM à des peuples qui n’en veulent pas, ou qui promeut l’utilisation de farines animales. C’est elle qui impose l’ouverture des marchés sans réciprocité, laissant rentrer les voitures japonaises et coréennes alors que le Japon et la Corée restent fermés aux automobiles européennes. C’est elle qui impose la libéralisation des mouvements de capitaux qui profitent aux plus riches, aux multinationales et aux mafieux.

C’est cette Europe qui a imposé une privatisation complète de la création monétaire au service de la finance, qui peut emprunter à 1% à la Banque Centrale Européenne et prêter ensuite à 3 ou 7% aux Etats, tout en refourguant à cette même BCE leurs créances les plus douteuses. C’est cette Europe qui a imposé le dogme d’un euro cher qui ne profite qu’à une minorité et qui a amplifié le mouvement de délocalisations des emplois, envoyant des millions de travailleurs au chômage.

Tout casser pour toute recommencer

C’est pourquoi il est totalement hallucinant de voir le Parti Communiste défendre l’euro, l’outil de l’asservissement des peuples et des travailleurs européens au grand capital, pour reprendre leur jargon. Bien sûr, l’idée européenne est belle et elle porte en elle de belles promesses, la possibilité de construire des projets utiles pour l’ensemble des pays européens. Mais comment ne pas voir que cette Europe là ne se fera pas dans le cadre actuel ? L’Europe sociale ou protection est une chimère.

Il n’y a pas trente-six solutions aujourd’hui. Le cadre des traités actuels est tellement néolibéral qu’il faut le balayer entièrement pour reconstruire une organisation européenne au service des peuples qui la composent. Vouloir modifier les traités existants pour les orienter dans un sens plus conforme à l’intérêt général est illusoire car les modifications se feraient à partir d’une base de textes dont l’orientation est fondamentalement mauvaise, antisociale et dogmatiquement néolibérale.

L’Europe n’est pas un moyen de nous protéger des marchés. Au contraire, c’est le moyen s’asservir les peuples aux marchés. D’ailleurs, c’est bien pourquoi les marchés souhaitent le renforcement des pouvoirs de l’Europe puisque cela lierait les peuples plus fermement encore.

Par Laurent Pinsolle, porte-parole de DLR

4 commentaires sur L’alliance des marchés et de l’Union Européenne

  1. BERTRAND André // 15 février 2011 à 15 h 57 min //

    L’Europe a été conçue comme un cheval de Troie, par des politiciens soucieux d’imposer le libéralisme (Schuman …). A cette fin, son Parlement accueille les lobbies, constitués pour leur part la plus influente, de « funds » US financés par une détaxation sur le C.A. des sociétés US. Ces funds proposent d’informer et de préparer les dossiers des parlementaires, ce qui se fait peu ou prou dans le sens ultra libéral des sociétés nord américaines et non dans le sens de l’intérêt de l’Europe. Il conviendrait de « chasser ces marchands du Temple » et de permettre à chaque parlementaire de s’informer par ses propres moyens, à sa convenance. Leurs perceptions politiques évolueraient sensiblement dans un sens réaliste et européen.
    Il conviendrait encore d’élire ces parlementaires au scrutin uninominal, ce qui éviterait des listes où s’insinuent des planqués et ce qui responsabiliserait directement chaque élu devant ses électeurs.

  2. Le Traité de Maastricht a été dénoncé en son temps, lors du référendum, par des Jean-Pierre Chevènement, Marie-France Garraud, Philippe Séguin … Nul besoin d’avoir fait l’ENA ou Science-Po pour comprendre tout ce qu’il allait mettre en place pour longtemps et au service desquels il avait été conçu : depuis 1986, l’accès à la « Bourse pour tous » voulue par Balladur, les privatisations, la vague des fusions-acquisitions … nous préparaient déjà à la fuite en avant de la mondialisation financière et des élargissements sans fin qui allait créer ce monstre hybride sensément faire « la nique » aux Etats-Unis !

    1986-1988, la première cohabitation, première trahison de l’esprit de la Constitution de 1958 du Général de Gaulle a marqué la mort du gaullisme et créé la confusion chez le peuple français. En 1992, une bonne partie du RPR votait OUI à Maastricht pour préparer l’adoubement de son chef par l’UE en vue de la présidentielle de 1995 !

    Pendant dix ans, aucun référendum n’a été proposé aux Français jusqu’en 2005 où la collusion des partis de gouvernement s’est révélée de façon éclatante, écoeurante, de la même façon qu’à été bafoué le NON au TCE lors de sa ratification parlementaire trois ans plus tard à Versailles !

    Les Français ont encore trop à perdre pour vouloir vraiment sortir de l’Euro ou de l’UE mais quand la masse critique sera atteinte -et elle le sera peut-être plus tôt qu’on ne le pense avec notre « cher » président et ses réformes à la hussarde- tout explosera, régime, partis, UE, marchés, finance …

  3. Bellenger Pierre // 7 février 2011 à 11 h 46 min //

    Ah que Laurent Pinsolle parle bien. Nicolas Dupont-Aignan, son mentor, dénonçait le Traité de Maastricht depuis 2007, parce que ce traité avait mis en place la Pensée-Unique, comme système économique associé à notre système politique Démocratie. Ce traité de Maastricht allait jusqu’à donner la primauté du pouvoir à la Finance par l’article 56. Pourquoi, maintenant, ne plus dénoncer le traité de Maastricht, et s’en prendre à l’Euro qui n’y est pour rien. L’Euro est une monnaie, et tant tant que telle, elle est un outil de fonctionnement. Remplacer l’Euro par le Franc je changera rien. L’article 56 du traité de Maastricht ne nomme aucune monnaie ; le Franc sera soumis au traité de Maastricht pareillement. Allons monsieur Pinsolle ! un peu grosse la ficelle !
    Nous savons que vous êtes là, à la DLR, pour la remettre dans le droit chemin de la Pensée-Unique !
    Pierre.Bellenger@wanadoo.fr

  4. pourquoi vouloir reconstruire une organisation européenne?

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