A sir Harold Macmillan

 

5 juillet 1958

 

macmillan Mon cher ami,

Je vous remercie de votre lettre du 30 juin que j’ai attentivement étudiée. Nos entretiens, dont je garde un chaleureux souvenir, nous ont permis de clarifier la position de nos deux gouvernements sur la question de la zone de libre-échange. J’ai eu l’occasion de vous dire — et je désire à nouveau le souligner — que la France n’est nullement défavorable, bien au contraire, à un élargissement de la coopération économique en Europe, y compris naturellement la Grande-Bretagne. Mes préoccupations, quant au but à atteindre, sont donc proches des vôtres. Mais il faut trouver les moyens d’y parvenir sans ébranler l’équilibre de l’économie et des finances françaises auquel mon gouvernement attache, vous le comprendrez aisément, une importance primordiale, et sans remettre fondamentalement en cause les accords existant entre les six pays membres de la Communauté économique européenne. Nous aurons à faire, vous et nous, effort d’imagination et de volonté. Soyez assuré que je suivrai personnellement cette affaire dans l’esprit d’étroite amitié qui a animé nos conversations.

Avec l’expression de ma bien cordiale considération.

Charles de Gaulle

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