La diplomatie européenne trustée par les Britanniques

 

3b44d724-2691-11df-8211-6cdea3e4a667 Catherine Ashton,haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, a privilégiés es amis et le Foreign Office,qui sont cinq fois plus représentés que les diplomates français.

 

 

La France est marginalisée dans la nouvelle diplomatie européenne.

Pour le Quai d’Orsay, c’est l’organigramme de la colère, ou l’équivalent bureaucratique de la bataille de Trafalgar: le Service d’action extérieure (SAE), qui s’imposera d’ici trois jours comme le porte-voix d’une politique étrangère européenne, s’est gonflé in extremis d’une légion d’amis de Catherine Ashton et du Foreign Office, aux dépens d’une minorité de diplomates tricolores.

«Entre eux et nous, c’est désormais à cinq contre un!», s’étrangle un responsable français en décrivant la pyramide du pouvoir mise au point par la baronne britannique. Sur l’organigramme rendu public à l’approche de l’échéance, l’Union Jack flotte de bas en haut et de droite à gauche, isolant à peu près partout les trois couleurs de la République.

Le SEA -ou plutôt l’acronyme anglais EEAS, finalement retenu- devait conjuguer les talents de 27 diplomaties nationales. Avec, comme clef de voûte, le professionnalisme revendiqué par de vieux rivaux -les Français, les Britanniques et aussi les Allemands. Face à la razzia d’outre-Manche, l’acte de naissance de la nouvelle institution européenne risque plutôt de les dresser les uns contre les autres au 1er janvier. À Paris, le ministère des Affaires étrangères, visiblement gêné, s’est jusqu’ici gardé de faire du bruit. Avec Michèle Alliot-Marie, il vient de changer de patron. Mais l’affaire a déjà suscité des éclats de voix. Les comptes du SAE sont vite faits. À Bruxelles, sur 17 directions et sous-directions attribuées, le Royaume-Uni en rafle cinq (Asie, Afrique, Afrique orientale et Océan indien, Prévention des conflits et Politique de sécurité, Ressources humaines). La France en récupère deux, grâce à des diplomates venus de la Commission européenne : Hugues Mingarelli sera chargé du Proche-Orient, Véronique Arnault des Droits de l’homme.

Français retoqués 

Sur le terrain, le rapport n’est pas plus favorable aux routiers du Quai d’Orsay. «La plupart des ambassadeurs poussés par Paris ont été retoqués» à Bruxelles, poursuit le responsable. L’Afrique devient une autre chasse gardée des Britanniques. En Asie, la France a perdu un de ses poids lourds européens avec le départ de Pékin de l’ambassadeur Serge Abou, remplacé par l’Allemand Markus Ederer.

Dans les étages du SAE, les Français s’inquiètent aussi de voir certains de leurs meilleurs alliés réduits à la portion congrue, en particulier les Espagnols et les Italiens. L’Europe du Nord, toujours suspecte de sympathie pour le Foreign Office, montre ses muscles. C’est le cas des Danois, des Néerlandais et surtout des Suédois. Ces derniers réussissent à truster la super-direction Amériques, le Comité militaire de l’UE et le Comité politique et de sécurité (Cops), cœur de la gestion de crise. La Finlande, elle, décroche le SitCen, bureau central du renseignement européen.

L’offensive britannique, lancée de longue date par David Miliband, a été reprise à son compte par le successeur conservateur William Hague. Catherine Ashton, arrivée à Bruxelles sans expérience et soucieuse de s’entourer de confidents connus, y a sûrement trouvé son compte. Côté français, la nomination de Pierre Vimont, ambassadeur à Washington, comme bras droit de la baronne britannique a longtemps permis de donner le change: «C’est le prix à payer!», expliquait-on officieusement. Londres n’a pas eu la même retenue. Dans l’organigramme du SAE, quelques cases restent aujourd’hui à remplir. Mais à Bruxelles, le sentiment s’installe que Paris a déjà perdu la bataille.

Jean-Jacques Mevel

4 commentaires sur La diplomatie européenne trustée par les Britanniques

  1. maugard patrick // 1 janvier 2011 à 21 h 44 min //

    Le GENERAL ne voulait pas des Anglais , il les avait pratiqué . . .
    On voit le resultat . Nous avons construit l EUROPE avec les paus du sud
    Qu en reste-t-il . RIEN
    QUITTONS CETTE EUROPE MERCANTILE , AINSI QUE L OTAN OU REGNENT LES ANGLOS-SAXONS
    P MAUGARD

  2. Daguet Dominique // 1 janvier 2011 à 1 h 55 min //

    Il faut se retirer sur nos terres, pratiquer la politique du refus et adopter une attitude offensive par le moyen de toutes nos ambassades

  3. Le Rouméliote // 30 décembre 2010 à 22 h 21 min //

    Il ne manque plus que l’ineffable Lord Halifax de sinistre mémoire et le fantôme de Sir Neville Chamberlain ! Quelle tristesse !

  4. Torsade de Pointes // 30 décembre 2010 à 20 h 18 min //

    Le diagnostic est correctement posé par l’auteur de l’article. Cependant, l’analyse n’est pas complète si on ne propose pas en même temps un remède. Or, celui-ci peut-il être autre chose que de proclamer, le plus rapidement possible, l’indépendance totale de la France?

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