Assurance-maladie : ce que l’UMPS cache aux français

  •  Par François MORVAN*

morvan1 Pour la deuxième année consécutive, le gouvernement ment aux citoyens sur la question du déficit de la sécurité sociale. Alors que celui-ci, comme l’année précédente, bat tous les records, et en particulier le poste de l’Assurance-Maladie à plus de 11 milliards, le gouvernement feint l’apaisement en expliquant qu’il est surtout du à un ralentissement des recettes. La belle affaire ! Cela ne change rien au trou lui-même et à son cumul : plus de cent vingt cinq milliards d’Euros depuis 2003 pour le régime général, près de cent milliards pour la branche maladie. Et comme rien n’est fait pour redonner à l’économie une croissance nouvelle, par soumission à la politique de l’Euro fort et des frontières économiques grandes ouvertes, il n’ y a aucune raison que la donne change. Le gouvernement, en plein électoralisme, a choisit de refiler la patate chaude à ceux qui gouverneront après 2012.

Mais ne rien faire de sérieux, c’est faire quelque chose : c’est préparer les français à la grande lessive, celle qui verra le principe de solidarité qui a fondé la Sécurité sociale en 1945 balayé.

Ne rien faire, c’est préparer l’entrée des assurances privées en concurrence d’avec l’Assurance Maladie, comme le veut la Commission de Bruxelles avec sa maladie à elle, celle de la concurrence généralisée dans tous les domaines. Ne rien faire, c’est faire basculer encore davantage les remboursements à la charge des mutuelles, qui tout en ne faisant pas du bénéfice leur but avoué, établissent des taux de couverture proportionnels aux cotisations et précipitent davantage encore la médecine et les soins à plusieurs vitesses, selon les revenus.

En réclamant au plus grand nombre un effort individuel croissant, on organise la dégradation de la santé de la population. Selon le Baromètre Cercle Santé du CSA, la proportion de français ayant renoncé à des soins ou les ayant décalés est passée de 13 à 25% entre 2008 et 2009. La seule solution, au contraire, c’est non seulement de relancer l’économie en usant d’un nouveau protectionnisme, mais c’est prendre le problème du déficit à bras le corps.

Il faut s’appuyer sur les professionnels de santé eux-mêmes pour redéfinir ce qui est vraiment efficace de ce qui est inutile, qui doit cesser d’être remboursé. Tous les médicaments et les chirurgies inutiles, doivent purement et simplement cesser d’être remboursés, au profit des soins primaires comme l’ophtalmologie, les soins dentaires, la médecine scolaire, la gynécologie de ville. Cela exige avec les professionnels de santé un nouveau contrat : une hausse substantielle des rémunérations en échange d’une limitation drastique des honoraires libres qui précipitent les inégalités inadmissibles que nous constatons aujourd’hui. Qui dit aux français que la politique de liberté des honoraires conduit aujourd’hui à quatre fois plus de médecins et de lits d’hôpitaux au cœur des grandes villes tandis que les banlieues populaires et les campagnes sont en dessous des moyennes nationales et deviennent des déserts médicaux ? Cela exige de réussir la réforme hospitalière en collaboration étroite avec les médecins et les soignants, à l’opposé de la “gouvernance” actuelle, autoritaire, gestionnaire à courte vue, qui approfondit la crise de l’hôpital public au lieu de le redynamiser. Cela exige que les cotisations -maladies sont désormais intégralement prélevées de façon proportionnelle à tous les revenus, y compris ceux du capital.

La crise de l’Assurance-Maladie et de la Sécurité Sociale n’est pas une fatalité. L’UMP et le PS ont déjà renoncé à se battre et préparent la privatisation du système après 2012. Ne les laissons pas faire !

 

* Délégué national à la santé (DLR)

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