Retraites : la fin du régime par répartition ?

Comme 70% des Français, mon appréciation sur le projet gouvernemental des régimes de retraite est double. D’une part, et c’est un constat partagé, il est indiscutable que les régimes actuels doivent être modifiés pour prendre en compte l’allongement moyen de la durée de vie et sauvegarder le régime par répartition qui est une conquête gaullienne.

 

 

retraite_ Comme 70% des Français, mon appréciation sur le projet gouvernemental des régimes de retraite est double.

D’une part, et c’est un constat partagé, il est indiscutable que les régimes actuels doivent être modifiés pour prendre en compte l’allongement moyen de la durée de vie et sauvegarder le régime par répartition qui est une conquête gaullienne.

D’autre part, dans sa version actuelle et sur certains aspects, le projet est inacceptable.

L’âge plancher de départ à la retraite prévu à moyen terme à 67 ans est une mesure injuste. Mieux vaudrait, en gardant la possibilité de départ dès 60 ans, prendre en compte la durée de cotisations, seul élément tangible pour déterminer un droit comme l’ont réclamé unitairement les députés villepinistes, gaullistes et Modem.

Par ailleurs, la pénibilité de ou des emplois occupés pendant la vie professionnelle n’est pas réellement prise en compte. La déclaration d’invalidité ne peut résoudre qu’une infime partie du problème. En réalité, il conviendrait, dans le cadre de négociations au niveau des branches d’activité ou des entreprises pour certains cas spécifiques, de « bonifier » les emplois identifiés pénibles par l’octroi d’une annuité supplémentaire tous les 5 ans d’exercice.

Le calcul du montant de la pension de retraite doit prendre en compte les carrières découlant de la promotion sociale et de la formation professionnelle qualifiante qui permettent, à tout âge, d’avancer dans son déroulement de carrière. A partir de cette considération, le calcul sur les 20 meilleures ou 5 dernières années serait bénéfique pour ceux qui s’investissent professionnellement.

La défense du régime par répartition est, soi-disant, l’objectif du pouvoir actuel. Et pourtant ! La baisse programmée des pensions va « tuer » le régime par répartition.

Les jeunes, notamment ceux qui visionnent réellement leur avenir professionnel, se posent à juste titre de nombreuses questions. Avec beaucoup d’interrogations sur leur futures retraites. A tel point qu’ils n’hésitent plus à franchir la ligne jaune, ce qui les conduit inévitablement a « alimenter » les différents produits financiers de capitalisation de plus en plus nombreux sur le marché. Ainsi l’érosion programmée des pensions se traduira à moyen terme par une part plus importante des régimes complémentaires par capitalisation. Rapidement, le rapport entre les deux régimes évoluera indiscutablement en faveurs des régimes par capitalisation. La culture anglo-saxonne triomphera et la solidarité, valeur pourtant républicaine et spécifiquement française, disparaitra.

Enfin, le financement doit porter sur deux axes :

Le premier est l’emploi. Une réelle volonté politique prenant en compte la préférence communautaire pour ce qui est des échanges commerciaux et la lutte contre les délocalisations favoriseront les emplois dans notre France, et en conséquence les cotisations destinées à la protection sociale.

Le second, bien entendu, concerne les cadeaux fiscaux ciblés sur les populations les plus riches ; il faut supprimer le bouclier fiscal et s’assurer que les efforts demandés soient réellement partagés par tous en fonction des revenus réels.

Alain KERHERVE

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