On ne subit pas l’avenir, on le fait !

 

Suite aux articles sur “l’affaire Woerth”parus sur Gaullisme.fr, Jean-Claude Baert réagit. Son commentaire ci-après publié avec son accord participe ainsi au débat sur la gouvernance française.

gouvernement-fantocheweb Toute cette agitation politico-médiatique autour de l’affaire Woerth-Bettencourt est un révélateur de la médiocratie galopante de la sphère politique.

L’interrogation de nombreux françaises et français sur le parler FAUX des femmes et des hommes politiques actuellement à l’affiche et pas seulement sur le cas de Monsieur WOERTH a le mérite d’être claire et, en cela ,elle renvoie aux responsabilités des électeurs et électrices de la planète démocratique qui ont laissé se mettre en place le culte de l’irresponsabilité, non coupable, mais, démocratiquement, plus commode à mettre en œuvre que tout autre processus de contrôle des performances politiques.

Comme le rappelait lors d’une émission télévisée récente un politologue sénior du CEVIPOF,examinant la montée de l’abstention en Europe : la seule réflexion implicite de nos concitoyens à l’égard des politiques est de savoir si ce qu’ils font est efficace pour le plus grand nombre et pas seulement pour une poignée de sympathisants .

Force est de constater qu’à cette pertinente interrogation, personne ne s’avance sur le terrain de la mise en œuvre des outils d’appréciation des compétences de nos responsables politiques de droite comme de gauche à commencer par le sommet de l’Etat.

Sans réponse, il n’y a donc pas de communication entre les politiques et les citoyens et ce faisant chacun s’installe dans sa bulle !

Nous sommes ainsi entrés dans l’ère de l’irresponsabilité globale !

Serait-ce la faute des hommes politiques et des gouvernements ?

C’est la fameuse excuse absolutoire issue de la bipolarisation des modes de fonctionnement de nos démocraties : Une majorité, une opposition. Le gouvernement, les responsables politiques, voilà un concept facile qui désigne tous les partis, tous les élus en général et personne en particulier.

Cette analyse met aussi en exergue une société schizophrène qui, par exemple en France, dans le même temps, vote majoritairement en 2002 à 82% pour un président de la République de droite, se plaint que son gouvernement ne pratique pas une politique de gauche et excuse les 40 % d’abstentionnistes qui ont refusé l’exercice du suffrage universel si difficilement acquis par des luttes sociales souvent sanglantes. C’est cette même société schizophrène qui, cinq ans plus tard, se rend en masse au 1er tour de la présidentielle à plus de 85%, dans la foulée boude à nouveau le second tour, à plus de 40% les élections législatives qui suivent et se plaint que le 1er Ministre n’est plus qu’un objet virtuel identifié dans la conduite des affaires du gouvernement. C’est la même société schizophrène qui dans le même temps plaint les victimes du sang contaminé et excuse les coupables, vitupère contre la banqueroute du Crédit lyonnais et excuse l’Etat de n’avoir rien vu venir, se plaint que le gas-oil est le principal responsable de la pollution automobile et se précipite sur l’acquisition des véhicules diesel, proclame que le nombre de fonctionnaires plombe les comptes sociaux de l’Etat et réclame l’accès et les aides pour tous aux métiers de la fonction publique, et se met en grève contre une mini réduction d’effectifs de moins de 1% des effectifs globaux de fonctionnaires. C’est la même société schizophrène qui balance à tort et à travers par médias interposés mensonges et calomnies sur les uns et les autres, qui se plaint que les tribunaux sont engorgés et qui pleure les victimes d’Outreau ou d’ailleurs. C’est le culte de l’irresponsabilité de l’individu, cher aux bons penseurs et, ce faisant, à l’instar de Madame la député socialiste impliquée dans l’affaire du sang contaminé, nous devrions accepter que tout cela ne fasse pas de nous des coupables et ne nous rendent pas méfiants vis-à-vis de pratiques délirantes qui faisaient dire récemment à Boris Cyrulnik, ethnologue et psychiatre : Le panurgisme psychologique participe à la course économique jusqu’au moment où les moutons euphoriques sautent dans le vide !

Emiettement des efforts, rivalités stériles, duplication d’actions, amalgames destructeurs, manque d’enthousiasme, communication peu structurée, imprévisibilité d’actions, conduisent ainsi un nombre croissant de citoyens et de citoyennes à se dérouter des politiques aux pratiques qui conduisent à l’échec. La défiance s’installe donc et de ce point de vue, l’affaire Woerth-Bettencourt en devient l’amplificateur qui fait que dans toutes les circonscriptions, comme le souligne Marine TURCHI, ça ne marche plus !

Or ce n’est pas le moment, car, dans l’univers agité de ce début de siècle « explosif », la France doit, comme la plupart des pays industrialisés, faire face à la résorption de sa dette publique, à l’absence de véritable redémarrage de la croissance économique, à une concurrence très sévère des pays émergents de l’Asie Pacifique et à des incertitudes géopolitiques qui menacent gravement la paix dans le monde et à ses portes.

Vraie ou fausse horreur, ces nouveaux enjeux d’une mise en relation plus performante des différents acteurs, Etat et citoyen(e)s, civils et militaires, enseignants et entreprises, de la nécessaire optimisation de leurs efforts, constituent de véritables défis pour faire face aux nouvelles formes de dysfonctionnements lourds d’une France qui ne sait plus lire l’heure à sa pendule et ne sait comment vaincre sa maladie chronique de la défiance.

Et pendant ce temps là, le Parlement légifère à tour de bras, de trop, à tort et à travers assez régulièrement ,le plus souvent sous le prétexte de l’urgence, du principe de précaution, sans prendre le temps d’abroger les Lois devenues obsolètes, et, à vitesse grand V, depuis l’arrivée du nouveau locataire de l’Elysée.

Ce n’est hélas pas dans l’urgence que l’on règle les problèmes de fond, mais c’est dans l’urgence que l’on fait monter dans l’opinion publique le sentiment que certains y arrivent mieux que d’autres que certains sont protégés, que d’autres ne le sont pas et qu’enfin celles et ceux qui se plaignent feraient bien d’aller se faire voir ailleurs où paraît-il la vie serait pire qu’en notre belle terre latine et ensoleillée.

Les textes se télescopent ainsi au quotidien et la lisibilité dans l’application de ces textes échappe au plus grand nombre parce que précisément les Parlementaires ont été pris à la gorge » toutes affaires cessantes » sur le mou de l’intime conviction d’un Président de la République incapable « de se tenir en place » ne serait-ce que pour réfléchir trente secondes à la nécessité d’attendre que cela soit compris par le plus grand nombre et que cela suive derrière. Tout est instantanéité et, le tout, outrageusement médiatisé, hypothèque ainsi fondamentalement toute idée de contrôle sur les actions qui découlent de ce comportement insupportable.

Pour y parvenir il nous faudra certainement faire beaucoup d’effort, car le culte de l’irresponsabilité non coupable, mais tellement démocratique, nous éloigne un peu plus chaque jour des pays qui gagnent et nous rend très vulnérables face aux opérations de « soft power » ou de manipulations intelligentes menées ici où là dans un monde devenu totalement interdépendant.

La dernière démonstration importante de la rue aura donné au monde entier l’image pitoyable d’un pays qui « s’amuse » à perdre son temps en dialogues de sourds ,comme des gamins dans une cours de récréation qui jouent à cache cache avec le surveillant et de ce point de vue ce n’est pas très sérieux pour donner des leçons de bonne conduite démocratique au monde entier.

Au risque de me répéter ,lorsque les électeurs et les électrices marchent sur la tête, dans un monde de fric, de frime et de triche…,selon la pub en vogue…tout est possible, tout est réalisable, y compris des assemblées majoritaires fondées sur des élus désignés par des scores établis à la majorité plus que relative. Un élu du dernier tour des législatives (470 dans ce cas) avec 56% des suffrages exprimés et 40% d’abstention, ne représente que 33% des inscrits. Et que dire du cas De Monsieur David Douillet élu avec moins de 15% des inscrits ? !!!! Quant au dernier scrutin des Européennes que dire des ministres élus avec 60% d’abstentions enregistrées ?

Les citoyen(ne)s qui ne se sont pas déplacés vont-ils devoir se taire devant une telle arrogance et une telle duperie ?

Qui donc va avoir le courage de redonner une vraie force démocratique à nos scrutins électoraux, professionnels, syndicaux, associatifs ?

La France par celles et ceux qui se retroussent les manches positivement peut sortir du « bourbier » démocratique actuel, sortir de la défiance permanente qui sévit en premier lieu dès la naissance, à l’école primaire, se prolonge dans le secondaire, dans les études supérieures, au niveau de l’apprentissage permanent, pour in fine se poursuivre dans la vie professionnelle et citoyenne.

La France doit aussi éviter de rentrer plus vite que prévu dans l’univers du totalitarisme fort bien décrit par Vladimir Boukowsky dans son bouquin : « L’Union européenne, une nouvelle URSS….. »

Recherchons donc la compagnie de gens sérieux, fustigeons les politiques exaspérantes qui fabriquent de l’exclusion et de nouveaux suspects et en cela tout ira mieux pour chacun et pour tout le monde si nous conjuguons correctement : liberté, égalité, fraternité, par un DEVOIR de vote pleinement accompli et l’abandon de nos charentaises , de nos cannes à pêche ou de nos idées de défiance un peu trop commodes ou fantaisistes pour nous conduire sur des chemins de progrès.

La France peut sortir de son esprit de fonctionnaire garant de l’application du principe de précaution pour conjuguer l’esprit d’entreprise en jouant sur la diversité, les complémentarités, l’innovation positive et, en cela, le monde entier reconnaîtra que rien ne pourra se faire sans la France.

Se méfier de son Président de la République, de soi même en quelque sorte, voilà ce qui tue la France, sa croissance et son image dans le monde. Puissent les commissions ad’ hoc mises sur pieds ne pas seulement contribuer à l’avenir de nouvelles éoliennes politiques qui trouveraient dans ces études matière à faire des courants d’air !

La France mérite certainement mieux que de douter de la somme des compétences ainsi rassemblées ! Alors gageons que le moment est venu de tourner la page sur nos défauts congénitaux et profitons donc de l’affaire Woerth-Bettencourt pour progresser dans ce sens au lieu de nous lamenter une fois de plus.

On ne subit pas l’avenir, on le fait !!!!!!!

jean-claude Baert

1 commentaire sur On ne subit pas l’avenir, on le fait !

  1. Monsieur,

    Merci de cette réponse,

    Il serait bon que ce pays cesse une bonne fois de dresser les gens les uns contre les autres tout simplement. Qu’ils soient socialistes ou autres ceux qui conduisent la Nation doivent travailler ensemble à la reconstruction sur les bases de l’histoire de France, il y a du bon dans chaque port. C’est quelque chose encore possible et souhaitable avant le retour des haines et des violences. Il y a eu un temps où l’on appliquait l’Union Nationale, ce temps arrive à nouveau par la force des choses, et donc, l’espoir peut venir de cette prise de conscience plus que vitale pour la France. Je l’espère pour mes enfants…

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