A l’UMP, il se passe toujours quelque chose…

Dans Libération, Laurent Wauquiez reconnaît finalement s’être rendu le 28 juin dernier à Londres pour un dîner avec des banquiers et des gérants de fonds spéculatifs.

1026580 Dans Libération de ce vendredi 16 juillet, le secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez a reconnu s’être rendu le 28 juin à la City de Londres, pour une réunion sur le thème de l’emploi mais également pour un dîner avec des banquiers et des gérants de fonds spéculatifs, au cours duquel il a évoqué avec eux le financement de son micro-parti politique.

Pourtant, Le secrétaire d’Etat a déclaré mercredi à l’Express.fr que « ce n’était pas un repas de financement, ni de financeurs, même s’il y avait parmi les convives des gens qui soutiennent mon action politique. Non, il n’y a pas eu de dons ce jour-là! ». 

Selon Libé, le secrétaire d’Etat aurait sollicité ses convives pour soutenir financièrement Nouvel Oxygène, structure politique qu’il a lancée en 2008 dans sa ville de Puy-en-Velay (Haute-Loire). « Franchement, ce n’était pas des grosses sommes, c’est moins que ce qu’on peut avoir en d’autres occasions, » a-t-il confié au quotidien, comme pour se dédouaner.

C’était le 8 juillet dernier que le Point avait révélé l’existence de cette rencontre ainsi que les noms des participants, Nathalie Rachou, investisseuse et administratrice de la Société générale, les gérants de fonds Pierre-Henri Flamand (ex-Goldman Sachs), Loïc Féry (Chenavari), Emmanuel Roman (GLG), François de Mitry (ICG) Franck Petitgas (Morgan Stanley Europe) et Michael Zaoui (Zaoui Capital).

« Aucune interférence »

Sous la pression de l’affaire Bettencourt, le ministre du Travail Eric Woerth a annoncé récemment qu’il renonçait à partir du 30 juillet à cumuler son poste ministériel avec celui de trésorier de l’UMP, le parti majoritaire.

Mais Laurent Wauquiez ne voit pour sa part « aucune interférence » entre ses fonctions au gouvernement et le financement de son petit parti politique. « Les gérants de fonds n’ont rien à voir avec ce dont je m’occupe dans mon ministère. Ni la formation professionnelle, ni Pôle Emploi », dit-il.

Il précise avoir payé sa nuit d’hôtel, ainsi que le billet retour, mais pas l’aller car « la première partie de la visite était officielle. »

Selon Libération, un premier rendez-vous avec les mêmes banquiers et financiers avait déjà eu lieu et un troisième dîner est programmé dans les mois à venir.

« Un agent double au gouvernement »

Cette démarche met à nouveau en évidence l’existence de ces petites structures politiques mises sous les projecteurs par les révélations sur les dons de l’héritière de L’Oréal Liliane Bettencourt. Ce contexte peut expliquer que Laurent Wauquiez ait d’abord préféré nier avoir discuté du financement de son parti.

Régis Juanico, trésorier du PS, a jugé vendredi « profondément choquante » cette nouvelle « révélation ». « Je trouve cette affaire proprement hallucinante et profondément choquante. On atteint dans cette nouvelle révélation avec Laurent Wauquiez des sommets dans le cynisme politique », a déclaré le député.

Pour Régis Juanico, « qu’un secrétaire d’Etat à l’Emploi puisse se permettre à la fin d’un dîner de faire un appel aux dons et donc utiliser quelque part un voyage officiel dans un but de promotion politique de sa propre carrière, c’est profondément choquant ».

« Parce qu’il est secrétaire d’Etat à l’Emploi et parce qu’il s’adresse à des fonds spéculatifs qui, aujourd’hui malmènent l’emploi en France », a-t-il ajouté, estimant que ce dîner n’était « pas anodin ». Faisant remarquer que Laurent Wauquiez avait « maintenu ce dîner en pleine affaire Woerth », Régis Juanico a estimé qu' »on a un agent double au gouvernement avec une visite et un agenda officiels et une fonction officieuse de nuit avec ce dîner ».

Cela « nous surprend beaucoup, parce que M. Wauquiez s’est fait une spécialité à l’Assemblée de nous donner en permanence des leçons de moralité, de vertu et d’éthique républicaine », a ironisé le député de la Loire.

283 micro-partis

Le PS demande ainsi que « la lumière soit faite sur les activités de ces micro-partis qui, semble-t-il, n’ont pas d’autre but, que de constituer des réserves financières » pour des « campagnes électorales personnelles ou pour d’autres campagnes électorales ».

Le trésorier a fait valoir également que « tout cela se fait en partie avec de l’argent public », car les micro-partis bénéficient de « déduction fiscale, qui est une dépense fiscale ».

Régis Juanico a réitéré la demande du PS que « tout parlementaire ou membre du gouvernement, ancien parlementaires, rattaché à une formation politique, ne puisse pas créer une formation politique supplémentaire ».

De son côté, le président du MoDem, François Bayrou, dénonce vendredi dans Le Parisien l’existence de « prétendus partis », des « officines » destinées selon lui à « tourner la loi » sur le financement des partis politiques. « On vient de découvrir qu’il en existe plusieurs centaines, alors que tout le monde sait bien que de l’extrême gauche à l’extrême droite, il n’y a pas plus d’une douzaine, une vingtaine au maximum, de vraies formations politiques en France », dit le leader démocrate.

Une demi-douzaine de membres du gouvernement, dont le ministre du Travail Eric Woerth mis en cause dans l’affaire Bettencourt, sont à la tête d’un petit parti politique.

Pour François Bayrou, les centaines de « structures opaques » ainsi créées – 283 ont été recensées par la Commission des comptes de campagne – « autorisent tous les trucages et tous les dépassements » de la loi sur le financement politique.

Le système permet notamment à une même personne physique de donner plusieurs chèques tout en sachant que ceux-ci, in fine, reviendront au candidat de leur choix.

Selon les enregistrements clandestins diffusés dans l’affaire Bettencourt, la milliardaire aurait pu faire trois chèques différents: l’un à l’UMP, l’autre au micro-parti de Valérie Pécresse, la candidate de l’UMP en Ile-de-France aux élections régionales de mars dernier, et le dernier à l’association de soutien à l’action d’Eric Woerth.

(Nouvelobs.com)

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