Le suicide européen

 

myard Les historiens du futur s’interrogeront vraisemblablement longtemps sur l’attitude incompréhensible des gouvernements européens face à la crise de la zone euro.

Rarement gouvernements auront, en effet, adopté une attitude aussi dogmatique, refusant de sortir des règles d’airain posées par un traité inadapté et décalé par rapport aux réalités financières et monétaires.

D’Helsinki à Lisbonne en passant par Athènes, sous la baguette de Berlin, on n’entend que « serrez ma haire avec ma discipline… souffrez car vous avez péché en vivant au-dessus de vos moyens, vous devez aujourd’hui faire pénitence en vous flagellant ». Certes, le niveau de l’endettement public pose problème mais il ne faut  pas oublier qu’il est la conséquence de l’atonie des économies et non la cause !

Il est certain que l’annonce des hausses fiscales, des coupes sombres dans les dépenses, vont entraîner une déflation sans pareille dont les conséquences économiques, sociales, et politiques créeront un véritable cataclysme. Tout cela, au nom d’une vérité incarnée : rassurer les marchés pour continuer de pouvoir emprunter en triple A au nom de l’orthodoxie sacralisée. Vouloir réduire les dettes publiques en quelques années alors qu’elles dépassent le PIB des Etats concernés relève de l’imposture.

Rien n’est plus contestable que cette politique de l’autruche. Même si l’on se raisonne dans le cadre du système de l’euro, dont la survie est tout à fait problématique, il y a d’autres solutions que cette auto-flagellation permanente qui conduit à la déflation et probablement à la révolte des peuples. La solution est de ne plus s’adresser aux marchés qui placent l’épargne privée, et qui feront monter inévitablement les enchères conformément à leur logique propre – parfaitement légitime – d’avoir des garanties de remboursement, dès lors que certains Etats seront incapables de rembourser leur dette. La solution pour se soustraire aux marchés consiste à monétiser la dette en recourant aux avances des banques centrales, tout en acceptant aussi un rééchelonnement des dettes publiques.

Certes, ce recours aux avances des banques centrales sera jugé iconoclaste par les libéraux-monétaristes et suscitera l’ire de Berlin qui veut imposer son Diktat et son dogmatisme à toute l’Europe. Mais il faut savoir choisir entre mourir sous l’effet des dogmes allemands, ou avoir une chance de s’en sortir par la monétisation de la dette.

De surcroît, cette création de monnaie ne sera en rien inflationniste, puisqu’il est avéré que les économies européennes et notamment française sont en sous-production par rapport à la demande; dès lors, toute injection de liquidités, notamment en matière d’investissements, ne sera que bénéfique pour la croissance.

Le choix est donc évident. Il faut simplement avoir un peu de courage pour dire non à l’Allemagne, qui, en imposant ses certitudes dogmatiques, conduit l’Europe au suicide.

  • Jacques Myard,député, président du Cercle Nation et République

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