L’empire (européen) contre-attaque

 

 

euro-fort_496 « L’euro est le moyen pour contraindre les Etats-nations à construire l’Europe sur un modèle fédéral » : voilà ce que certains esprits éclairés avaient compris en 1992 lors du référendum sur le traité de Maastricht. Les propositions d’hier de la commission de Bruxelles l’illustrent malheureusement à nouveau.

Europe : la croissance en panne… avant la rigueur

Pourtant, plus que l’organisation des pouvoirs, c’est plutôt de la croissance que José Manuel Barroso devrait se soucier. Les résultats du premier trimestre 2010 viennent de tomber et ils sont très mauvais. Autant les Etats-Unis sortent vigoureusement de la crise, avec 3% de croissance, autant l’Europe aura du mal à faire plus de 1%… En effet, l’Union Européenne a enregistré une croissance de son PIB de 0.2%, soit le rythme dérisoire de moins de 1% en rythme annuel.

Le chiffre Français est encore plus décevant, avec seulement 0.1% et la révision à la baisse des chiffres de 2008 (-0.2 contre 0.1%) et 2009 (-2.5 contre -2.2%). Pourtant, cette déception était prévisible. En effet, les bons chiffres du deuxième semestre 2009 s’expliquaient par la prime à la casse, responsable d’une envolée du marché automobile. Les chiffres du second trimestre seront donc également décevants…

La croissance fantôme

Dans les années 2000, le PIB de la zone euro a cru de seulement 1.4% par an contre 1.9% aux Etats-Unis. Et pour preuve que son modèle est un leurre, le PIB Allemand n’a progressé que de 0.8% en moyenne… Bref, la zone euro est de plus en plus une zone économique où la croissance n’est plus qu’un lointain fantôme. Et ce n’est pas tout : le pire semble devant nous étant donnés les plans de rigueur qui s’accumule.

En effet, outre une Allemagne qui a théorisé l’absence de gain de pouvoir d’achat comme modèle (ce qui empêche toute croissance de la consommation intérieure), les pays européens annoncent les uns après les autres des plans de rigueur extrêmement sévères. Après l’Irlande, la Grèce et le Portugal, c’est au tour de l’Espagne d’annoncer une baisse du traitement de ses fonctionnaires de 5%. La France a annoncé un gel de ses dépenses publiques accompagné d’une baisse des aides.

Il y a bien quelques farfelus qui annoncent que cette « bonne gestion » des deniers publiques va accélérer la croissance. Mais cela est complètement faux dans notre situation car la réduction des dépenses publiques sert uniquement à réduire les déficits et représente donc une baisse de la consommation de l’Etat, sans le moindre espoir que la consommation privée prenne le relais avec des impôts en hausse.

Bref, on ne voit pas comment la croissance pourrait reprendre en Europe avec le cocktail de ces Hoover du 21ème siècle. Et cela pose un immense problème de solvabilité des Etats puisque le PIB va stagner alors que les dettes progressent, ce qui va rendre leur situation budgétaire encore plus délicate dans quelques années. Il est difficile de ne pas voir dans les politiques mises en place une réplique de la politique japonaise, alors qu’il existe pourtant des solutions alternatives…

La tentative de putsch de la Commission

C’est dans ce contexte, où toutes les énergies devraient être concentrées pour trouver des moyens de relancer la croissance européenne que la Commission a proposé une nouvelle gouvernance pour l’approbation des budgets nationaux. José Manuel Barroso veut imposer un examen des budgets nationaux par la Commission Européenne avant même leur débat dans les parlements nationaux, avec des possibilités de sanctions allant jusqu’à la suspension des aides européennes.

Alors que la Commission met la pression sur l’Italie et la France, cette proposition représente une véritable perversion démocratique. En effet, la Commission n’est qu’une administration composée de hauts fonctionnaires et non de politiques responsables devant un peuple. Il est donc extrêmement choquant de vouloir donner la primeur de l’examen des budgets nationaux à cet aréopage de technocrates apatrides et coupés des réalités par rapport à des parlements démocratiquement élus.

Heureusement, Nicolas Dupont-Aignan a souligné que « la proposition de la Commission européenne de s’arroger le droit de vérifier en amont les budgets des Parlements est inacceptable car cela porterait atteinte à notre démocratie ». Mais il est difficile de ne pas voir dans cette tentative de prise de pouvoir la réalisation des plus sombres pronostics d’Emmanuel Todd dans son dernier livre ou une illustration du récent et brillant papier de Malakine sur le « Munich financier ».

La proposition de la Commission est extrêmement choquante car voici une administration qui réclame encore et toujours plus de pouvoir, sans la moindre légitimité et sans devoir rendre de compte à quiconque. Encore une fois, cette Europe ne cherche pas à répondre à la crise mais uniquement à gagner du pouvoir.

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