Les mesures du plan d’austérité

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En contrepartie du plan de sauvetage exceptionnel de 110 milliards d’euros, le gouvernement grec a présenté des mesures draconiennes pour réaliser des économies. En voici le détail.

Confrontée à une grave crise financière, la Grèce va bénéficier d’un plan de sauvetage commun Union européenne/FMI (Fonds monétaire international) de 110 milliards d’euros. Une aide sans précédent dans le monde par son ampleur.

En contrepartie, le gouvernement grec a mis en place un plan d’austérité impliquant de douloureux sacrifices pour la population dans les années à venir. Ces mesures draconiennes devraient permettre à la Grèce de réaliser des économies de 30 milliards d’euros d’ici trois ans, afin de ramener le déficit public sous le seuil européen de 3% du PIB d’ici 2014.

Dès la fin 2010 et en 2011 ces mesures devraient rapporter 15,4 milliards d’euros, selon le ministère grec des finances.

Les prévisions :

  2010 2011 2012 2013 2013
Croissance du PIB -4% -2,6% +1,1% +2,1% +2,1%
Déficit public (% du PIB) 8,1% 7,6% 6,5% 4,9% 2,6%
Dette publique (% du PIB) 133,3% 145,1% 148,6% 149,1% 144,3%
Inflation +1,9% -0,4% +1,2% +0,7% +0,9%

 

Voici le détail de toutes les mesures comprises dans ce plan d’austérité, mis en place en février,  complété en mars et en mai :

Recettes

Pour permettre la réduction du déficit budgétaire, le gouvernement a tout d’abord décidé d’augmenter ses recettes.

– Hausse de deux points du principal coefficient de la TVA de 19% à 21% (pour les autres coefficients de la TVA, de 4,5% à 5% et de 9% à 10%), ce qui doit rapporter 1,3 milliard d’euros, soit 0,55% du Produit intérieur brut (PIB). Les impôts sur les héritages et les donations sont augmentés au moyen d’un barème d’imposition progressive instauré par une loi adoptée par le parlement en janvier 2010.

– Une augmentation des taxes spéciales sur la consommation (les droits d’accise) est également prévue, ou déjà mise en place. Ainsi, la taxe sur l’alcool va grimper de 20%, soit une augmentation par bouteille de 1,20 euro et de 0,60 euro pour l’ouzo et le tsipouro. Le tabac perçoit une augmentation de 63%. Les carburants n’échappent pas à la règle avec une progression de 0,08 euro des taxes sur l’essence représentant une hausse de 0,1 euro pour le consommateur et 0,03 euros sur le gazole soit +0,04 euro pour le consommateur. En 2009, une augmentation similaire de ces taxes s’était traduite par une augmentation des recettes d’environ 20%. De nouvelles taxes sont également ajoutées aux produits de luxe (les voitures de plus de 35.000 euros, yacht, hélicoptères privés).

En tout, la hausse des taxes spéciales sur la consommation doit rapporter 1,1 milliards d’euros, soit 0,45% du PIB.

– Il est également prévu d’introduire un droit d’accise sur l’électricité : 2,5 euros/MWh pour les entreprises et 5 euros/MWh pour les ménages – à l’exclusion de l’électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelables. Les exonérations du droit d’accise concernant le diesel utilisé par l’entreprise publique d’électricité est aussi supprimé.

– A ces mesures vient se rajouter une nouvelle réforme fiscale. Elle comporte une nouvelle grille d’imposition des revenus ajoutant notamment un coefficient de 40% pour les revenus supérieurs à 60.000 euros au lieu de 75.000 euros actuellement. Les contribuables devront également fournir avec leur déclaration de revenus les reçus pour tout achat de biens et de services. Et l’Etat veillera au grain, des mesures contre la fraude vont être mises en place. Elles comprennent la création d’un système d’évaluation objective des richesses extérieures (logements, voitures, bateaux, piscines …) pour croiser la déclaration de revenus. Elles imposent également des caisses enregistreuses pour les taxis, les stations-services, les kiosques, ou encore les marchés de rue.

La Grèce a également décidé de créer un impôt sur les constructions illégales qui devrait représenter 1,3 milliard de recette, et l’instauration de nouveaux impôts, notamment des taxes dites « vertes », sur les jeux d’argent et les bénéfices des entreprises.

Dépenses

La réduction du déficit budgétaire passe aussi par une meilleure maîtrise des dépenses. Ainsi, une baisse de 2,4 milliards d’euros est attendue. Dans cet objectif, la Grèce a ciblé sur trois mesures essentielles.

La première concerne les réductions des salaires nominaux et des retraites dans la fonction publique avec un impact de 1,7 milliard d’euros, soit 0,7% du PIB :

– Les employés du secteur public vont avoir une réduction de 30% du 13e mois et de 60% du 14e mois de salaire touchés.

– Même punition pour tous les fonctionnaires avec une réduction de 30% des primes de Noël, de Pâques et de vacances d’été. La réduction totale du « 14e mois » (versé à tous les fonctionnaires) qui permettrait de réaliser une économie d’environ 1 milliard d’euro.

– Réduction de 2% en plus des 10% déjà annoncées sur les suppléments de salaires (primes…) La loi correspondante, qui prévoit notamment la réduction supplémentaire de 2 % annoncée le 3 mars, a été adoptée par le parlement le 5 mars et appliquée avec effet rétroactif au 1er janvier.

– Réduction de 7% des salaires dans les entreprises publiques et réduction de 30% des primes de Noël, de Pâques et de vacances d’été. Comme ces entreprises n’appartiennent pas à l’administration publique, ces mesures se traduiront par une baisse des subventions de l’Etat.

– Réduction de 10% du financement par l’Etat des caisses de retraites de l’entreprise publique d’électricité (DEI) et de l’opérateur grec des télécoms (OTE), conduisant à une réduction des crédits budgétaires correspondants.

– Toutes les pensions du secteur public et du secteur privé sont gelées. Cette mesure annule ainsi les augmentations annoncées et inscrites dans le budget mais elle ne concerne cependant pas le personnel de sécurité, le personnel infirmier et les enseignants.

Le gouvernement de George Papandréou table aussi que des réductions des dépenses courantes dans le secteur public, avec un impact budgétaire de 0,7 milliards d’euros (soit 0.3% du PIB). Ainsi, le programme des investissements publics se voit amputer de 5%, soit 500 millions d’euros, contre 200 millions proposés initialement.

Enfin, dernière mesure de rigueur pour limiter les dépenses : la réforme des retraites.

Le gouvernement a proposé de reculer de cinq ans l’âge légal de départ pour les femmes, d’ici 2013, soit un départ à 65 ans. Est également prévu l’allongement de la durée de cotisations à 40 annuités contre 37 d’ici 2015. Enfin, cette réforme instaure un âge minimum de départ à la retraite : à 60 ans.

Le plan prévoit également des mesures pour renforcer la flexibilité du marché du travail, faciliter les licenciements et ouvrir à la concurrence une série de professions protégées.

(Stéphanie Hancq – Emilie Jardin – Nouvelobs.com)

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