Mais bien sûr que je ne suis pas de gauche

 

 

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Merci à ceux qui tiennent à faire savoir aux internautes qui l’ignoreraient que je ne suis pas de gauche. Surtout quand ils ont l’amabilité de préciser que je ne suis pas un total salopard pour autant…
Et oui, c’est vrai, je ne suis pas de gauche…
D’ailleurs, m’aurait-on proposé, comme à Jack Lang, d’aller cautionner une réforme constitutionnelle bidon, ou, comme à Michel Rocard, de servir d’alibi dans une commission en trompe l’œil, que j’aurais refusé. Parce que, moi, je ne suis pas de gauche.
Je ne suis pas de gauche, donc j’aurais voté contre la défiscalisation des stock-options, initiative d’un ministre de gauche, ou contre les cadeaux faits par Pierre Bérégovoy aux traders.
Je ne suis pas de gauche donc, contrairement à Lionel Jospin – et à l’extrême gauche -, j’aurais applaudi, au nom de la laïcité, au principe clair et net de l’interdiction du port de signes religieux à l’école et j’estime, en outre, que l’Etat, confronté à des drames humains doit tout mettre en œuvre « pour faire ».
Je ne suis pas de gauche au point que je n’envisagerais même pas de voter pour le parti de Tony Blair sans lequel le déclenchement de la guerre d’Irak n’aurait pas été possible. Gerhard Schröder devenu salarié de Gazprom, cela me choque, mais il est vrai que je ne suis pas de gauche. D’ailleurs, déjà, n’étant pas de gauche, le bombardement des populations yougoslaves par des avions de l’OTAN, et avec le soutien de toutes les gauches européennes, m’avait défrisé.
Pourquoi l’Australie, social-démocrate, s’est-elle prononcée contre la taxation des banques ? J’ai, en effet, du mal à comprendre puisque je ne suis pas de gauche.
Je n’imagine pas, n’étant pas de gauche, que l’on puisse se faire conseiller par Alain Minc, que l’on confie sa communication à Jacques Séguéla ou, qu’on abandonne à Bernard Kouchner le soin de désigner la ligne juste en matière de politique étrangère.
J’ai toujours vomi le maoïsme, je n’ai pas été guévariste, je n’ai même pas eu un quart de seconde de sympathie pour les Khmers Rouges et, pour autant, je n’ai jamais considéré que ces populisto-bushistes que sont le président géorgien ou l’ex-Premier ministre ukrainienne étaient d’admirables démocrates exemplaires : c’est dire que je ne suis pas de gauche !
Je n’ai jamais relayé, contrairement à nos amis trotskysants, la propagande des tueurs islamistes algériens, ni justifié le narco-terrorisme, même version Farc, en Amérique Latine, ce qui, évidemment, me déporte très loin à droite. Tenez, bien qu’élu au Parlement européen j’ai renoncé à mon mandat malgré les avantages matériels qui étaient afférents (je dis ça pour Isabelle 85 qui pense que ces choses là ne sont pas possibles). Mais si j’avais siégé au Parlement européen, je n’aurais pas voté en faveur de Barroso comme les socialistes espagnols, portugais, anglais, autrichiens et, surtout, je n’aurais pas accepté, comme le parti socialiste européen dans son ensemble, un partage de la présidence, trois ans chacun, avec la droite hyper conservatrice. Genre de magouille choquant le non homme de gauche que je suis.
Songez à quel point je ne suis pas de gauche, puisque j’estime qu’il faut entendre l’aspiration des populations les plus fragiles à une sécurité qui, seule, garantit leur liberté ; puisque je ne me satisfais pas d’un mode néo-esclavagiste d’exploitation qui se dissimule derrière un ultra-libéralisme de confort en matière de flux migratoire ; puisque je ne considère pas, a priori, que prendre en compte les rages et les angoisses qui montent des couches les plus populaires de la population participe du populisme le plus infâme.
Je pousse le « non être de gauche » jusqu’à considérer qu’on a parfaitement le droit de ne pas tout accepter, y compris les prestations les plus arnaqueuses, même en musique ou en art, au nom de la modernité, et que l’ennui provoqué n’est pas le seul critère du talent.
Si peu de gauche je suis que je refuse, par complaisance écolo, de récuser l’idée de progrès ou de donner, a priori, raison à la nature contre la technique ou la science quand celle-ci permettent d’optimiser les potentialités de l’humanité. La gauche, il faut bien admettre que j’en suis loin, puisque je refuse toute forme de diabolisation, de criminalisation, de fascisation mécanique des désaccords et des différences ; que je ne considère pas que le « souverainisme », auquel je n’adhère pas, soit pour autant un délit, tout en estimant que la mise en œuvre sans consultation populaire d’un texte refusé par référendum est une forfaiture ; puisque je privilégie les recherches de convergences et de confluences au détriment des enfermements claniques ou des exclusives partisanes.
Bref, comme je milite en faveur d’une véritable alternative de société, ce qui nécessite le rassemblement le plus large transcendant les clivages obsolètes, puisque je suis profondément pénétré de cette nécessité, puisque, en conséquence, je refuse non seulement la barbarie néolibérale mais également le soi-disant « réformisme » de rafistolage, la démagogie des flatteries corporatistes et catégorielles en chaîne et le repli dogmatique et sectaire qui condamne toute possibilité de véritable changement au nom d’une intransigeance de posture, il est clair, très clair, que je ne suis pas de gauche.

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