La France doit être « au premier plan » en Afrique

 

DSC_0264 Interviewé début février par le Dakar Times, en marge d’une réunion de l’association Parrainer la croissance, Dominique de Villepin dit son inquiétude de « voir les liens entre l’Europe, la France et l’Afrique se distendre ». Selon l’ancien Premier Ministre, la France doit être « au premier plan: c’est son devoir historique, son devoir géographique, mais c’est aussi son intérêt. » Interrogé par ailleurs sur la politique intérieure française, Dominique de Villepin réaffirme les trois enjeux prioritaires que sont « la compétitivité de l’économie française, la force d’innovation et de recherche », « l’emploi » et « la situation de nos déficits et de l’endettement français ».

 

  • Dakar Times: Monsieur le Premier Ministre, étant donné que vous êtes une force incontournable et qui s’affirme de plus en plus sur le paysage politique français, quelles sont les échéances futures par rapport au Club Villepin qui est en train de prendre de l’ampleur, mais aussi par rapport aux sympathisants qui sont en attente de savoir où est-ce que vous vous situez ?         

Dominique de Villepin: Pour moi, les grandes échéances, c’est ici et maintenant. On peut toujours se battre avec des perspectives électorales ou politiques. Mais le véritable enjeu, c’est, pour les Français, aujourd’hui. Aujourd’hui, dans un contexte économique et social difficile, puisque que nous le savons 2010 sera une année de forte croissance du chômage. Et devant les difficultés, il faut apporter des réponses aux préoccupations de nos concitoyens. Et ce que je veux, c’est avec le Club qui est le mien, avec tous ceux qui souhaitent se situer dans une logique au-dessus des partis, au-dessus des clivages partisans, eh bien, apporter des propositions, offrir une alternative à la politique qui est menée.

Ma conviction, c’est que nous aurions intérêt aujourd’hui, nous Français, à nous concentrer sur des objectifs, des priorités simples. La compétitivité de l’économie française, la force d’innovation et de recherche: premier enjeu. Deuxième enjeu: l’emploi, parce qu’il faut apporter une réponse d’urgence et pas seulement un traitement social du chômage. Et troisième objectif: c’est la situation de nos déficits et de l’endettement français qui rend plus difficile la sortie de crise.

Sur l’ensemble de ces enjeux, ce que nous souhaitons, c’est participer au débat, apporter des propositions. Mais le faire, bien sûr, dans la fidélité à ce que nous sommes et ce que je suis: gaulliste, républicain, social, soucieux de l’indépendance et du rayonnement de la France.

     
  • Vous êtes né en Afrique, à Rabat au Maroc. Quelle est votre lecture par rapport à la politique africaine française, parce qu’il y a pas mal de pays émergents (dont la Chine, l’Inde et même le Brésil) qui sont en train d’investir beaucoup dans les pays africains (…)? Quelle est votre lecture par rapport à cela, en tant que grand diplomate et quelqu’un qui a une vision sur cela ? 

 Moi, je suis inquiet de voir les liens entre l’Europe, la France et l’Afrique se distendre. Je suis inquiet de voir la multiplication d’autres intérêts croître et se développer en Afrique. Bien sûr, l’Afrique a vocation à valoriser tous les partenaires. Et c’est une bonne chose que l’Afrique aujourd’hui soit reconnue à travers le potentiel qui est le sien, à travers les atouts, les capacités qui sont les siennes. Mais la France, à mon sens, doit être au premier plan. C’est son devoir historique, son devoir géographique, mais c’est aussi son intérêt. Et je trouve que nous ne nous valorisons pas suffisamment les perspectives et l’enjeu que représente l’Afrique: l’Afrique du Nord, l’Afrique noire.

Je suis né, vous l’avez rappelé, au Maroc. J’ai beaucoup travaillé en Afrique noire comme diplomate et je suis convaincu qu’aujourd’hui pour la France, pour l’Europe, ce sont des atouts essentiels. Et nous devons participer à ce formidable défi qui est celui du continent africain: défi du développement économique, défi de la stabilité et de la paix, défi également de la place de l’Afrique dans le monde.

Et de ce point de vue-là, je pense qu’il y a quelques grands chantiers que nous pourrions ouvrir ensemble:

– Chantier de l’éducation: la France devrait prendre une plus grande part au développement éducatif de l’Afrique.

– Chantier de partenariat avec les grandes universités africaines pour faire émerger quelques grands pôles en Afrique qui puissent renouveler et encourager le développement des élites africaines.

– De la même façon sur le développement sanitaire: je suis convaincu qu’une grande coopération entre la France, l’Europe et l’Afrique est nécessaire,

– Sans parler bien sûr du développement économique dans tous les secteurs où l’Afrique aujourd’hui se positionne.

Les potentialités de l’Afrique sont très grandes. Nous ne devons pas nous couper de ce qui a toujours constitué une qualité française, une vérité française: c’est le lien très fort, l’affection très forte que, nous Français, portons à ce continent.

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