Grand emprunt…

 le mauvais choix

  •  Par François Morvan, délégué national de Debout la République à la santé et à la recherche

    morvan_0091 En proposant un montant de 35 milliards d’Euros pour le grand emprunt et sa levée auprès des marchés financiers, la Commission Juppé-Rocard fait le choix de la timidité et d’une nouvelle soumission au néo-libéralisme.

    L’économie française va mal en profondeur. Le grand emprunt pourrait constituer un levier formidable pour la redresser. Mais il vaut voir en grand.

    La moitié de la somme proposée irait à l’Université. Mais chacun sait que notre système éducatif doit être relancé dans son ensemble pour obtenir des effets durables, y compris dans la formation des élites universitaires. C’est tout le vivier du primaire et du secondaire qui doit être relancé, pour permettre à une élite nombreuse et socialement diversifiée d’accéder à une Université performante et moderne, ce que montrent toutes les études internationales. Ne se concentrer que sur cette dernière ne servira qu’à aggraver la sélection sociale aux dépends de la sélection par le mérite.

    On entend limiter l’emprunt à la recherche et au développement. Mais où sera le bénéfice d’ensemble pour la France si dans la foulée le tissu industriel n’est pas redynamisé ? Le plan doit donc être global : recherche-développement et relance massive des investissements d’infrastructure.

    La Commission Juppé-Rocard renonce à mobiliser l’épargne des français, alors qu’un de nos atouts est pourtant son maintien à un fort niveau dans cette période de crise. Cela coûterait, dit-on, plus cher à l’Etat. Il faudrait en effet un taux d’intérêt attractif. Mais préfère-t-on s’en tenir encore une fois au saupoudrage des aides sociales pour relancer une économie moribonde ? Et combien nous coûtera la poursuite de la désindustrialisation, le chômage chronique, le délitement de la jeunesse ? Pourquoi rater cette occasion de ressouder le pacte républicain en faisant de chaque citoyen l’agent direct du redressement économique de la France ? Préfère-t-on donc laisser l’épargne des français aux mains de la finance ?

    Le grand emprunt devrait donc être d’un montant bien supérieur et s’adresser aux ménages pour constituer véritablement une nouvelle politique capable de redynamiser un pays profondément malade. Cela soulèverait sans doute les foudres de l’Union Européenne pour qui ce serait une intervention étatique insupportable dans la concurrence “libre et non faussée”. Faut-il donc d’avance à chaque fois renoncer à se battre ? Pourquoi ne pas proposer une démarche conjointe avec tous les partenaires européens qui voudraient s’y associer ? On nous a vus plus dynamique et audacieux quand il a s’agit de renflouer les banques…

    Le Président de la République a une nouvelle fois l’occasion de nous démontrer – enfin ! – que les bonnes idées ne sont pas réservées à ses discours.

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