Réforme du capitalisme

SarkozySarkozy, ou le bonimenteur
de la réforme du capitalisme

Jeudi soir, Nicolas Sarkozy était interviewé sur TF1 et France 2 depuis New York. S’il a progressé dans le ton, en étant un peu plus posé, le temps finit par de plus en plus jouer contre lui dans la mesure où l’écart entre les mots et les actes apparaît plus clairement aux Français.

Le poids lourd des mots, le poids plume des actes

Et c’est clairement sur la réforme du capitalisme que le bât blesse. Si le résident de l’Elysée affirme martialement qu’il va « se battre pour que les mêmes causes ne conduisent pas aux mêmes effets » et que « le capitalisme ne peut pas recommencer comme avant », on a du mal à le croire. D’autant plus qu’il ose affirmer que « les paradis fiscaux, c’est terminé », en référence au G20 de Londres. Bien sûr, il n’y a plus aucun pays dans la liste noire de l’OCDE et on apprend que la Suisse vient de quitter la liste grise, mais cela indique surtout que les critères ne sont pas très sévères…

Sur la finance, on voit surtout que Nicolas Sarkozy ne maîtrise pas la question même s’il affirme « vouloir inventer une nouvelle réglementation financière et économique ». Ses explications de la crise (dette et spéculation) sont un peu courtes pour quelqu’un qui a de tels objectifs. Sur les bonus, il continue à utiliser abusivement le terme malus alors que le mécanisme qu’il propose est seulement un versement en trois fois conditionné aux résultats des années suivantes. Un malus reviendrait à piocher dans les bonus précédents. En outre, l’importance donnée à cette question camoufle des questions plus importantes.

Fausse modestie

Dans un deuxième temps, Nicolas Sarkozy a commencé une revue de l’actualité nationale. Pour être honnête, il a su se montrer un peu moins fanfaron que d’habitude, utilisant avec un peu plus de parcimonie le « je », s’excusant même auprès des journalistes. Il parlait assez lentement et cherchait à faire preuve de pédagogie, ce qui pouvait donner un peu plus de hauteur à son discours. Mais ces effets étaient en bonne partie annulés par les innombrables fautes de syntaxe qui émaillaient son discours.

Il a défendu la taxe carbone en annonçant que son produit serait compensé par une (énième) baisse d’impôt. S’il a bien défendu la taxe en soulignant autant son intérêt environnemental que son utilité pour réduire la dépendance du pays à l’égard des énergies fossiles, il faut malheureusement souligner qu’elle est beaucoup trop partielle pour ne pas être partiale. En outre, l’affirmation selon laquelle la France serait le plus grand pays qui s’est doté d’une fiscalité verte est complètement fausse….

Il a bien répondu en revanche sur la question de la sortie de crise en affirmant que ce n’est que quand le chômage baissera que l’on pourra parler de sortie de crise et en soulignant l’indécence à en parler tant que le nombre de chômeurs augmente. Sur les déficits, s’il a brandi la réduction du nombre de fonctionnaires comme brevet de respectabilité, il ne faut pas oublier la responsabilité de l’inutile et injuste « paquet fiscal » dans la dégradation de nos comptes publics.

 

Sarkozy entre « détermination » et « bavardage »

  • Les réaction à l’intervention de Nicolas Sarkozy

Xavier Bertrand et Frédéric Lefebvre, UMP :

« C’est un président de la République déterminé qui s’est exprimé ce soir, au nom d’une France exemplaire pour obtenir des résultats« , a indiqué l’UMP dans un communiqué, signé par son secrétaire général Xavier Bertrand et son porte-parole Frédéric Lefebvre, peu après la fin de l’entretien de Nicolas Sarkozy diffusé mercredi soir sur TF1 et France 2. A la veille du sommet du G20, le chef de l’Etat « a eu raison de rappeler que la France arrive à Pittsburgh non pas en donneuse de leçon mais en montrant l’exemple. Une fois de plus, Nicolas Sarkozy a rappelé sa détermination à obtenir des résultats concrets en rassemblant ses partenaires internationaux et à mener à bien les réformes dont notre pays a besoin« , selon l’UMP. « Tant sur la régulation financière que sur l’environnement, il veut convaincre ses partenaires qu’il faut prendre de vraies décisions« .

 

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République :

« Le président de la République a mis en scène, avec son habileté coutumière, son discours volontariste habituel. Combien de temps le grand écart présidentiel pourra-t-il être masqué par ces bavardages médiatiques?« 

 
Parti communiste français :

« Si loin des préoccupations des Français et de la France, Nicolas Sarkozy se vante d’être allé vendre des Rafale au président Lula plutôt que de construire et de mettre en place une véritable politique de coopération entre nos deux nations. En pleine crise mondiale et à la veille du G20, Nicolas Sarkozy ne pense qu’à aller faire le VRP de Dassault en allant vendre du matériel militaire au Brésil« .

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