Quand Aubry…

aubry2… copie le pire de Ségo

 

Martine Aubry compte sur des forums participatifs pour capter les désirs du peuple dans sa totalité et ainsi définir la politique du PS. Elie Arié est dubitatif. Un pèle-mêle de gens ayant pour seul point commun l’envie de donner leur opinion n’est représentatif de rien.

Après la « démocratie participative » de Ségolène Royal, supposée avoir contribué à l’élaboration de son « pacte présidentiel » de 2007, voici maintenant Martine Aubry qui part à la rencontre de « La France qu’on aime » (pourrait-on définir quelle est « celle qu’on n’aime pas », afin de lui éviter de se déranger ?) pour l’aider à bâtir, grâce à neuf (ce n’est pas beaucoup) « forums participatifs », un « projet de civilisation » (c’est sans doute beaucoup trop). À quoi correspond cette démarche inédite, et propre au seul Parti Socialiste ?

Autrefois, les choix politiques s’opéraient, à l’intérieur du PS, par les luttes de courants, représentant des lignes politiques différentes et arbitrées par les votes des militants lors des Congrès ; aujourd’hui, le ralliement à la même logique européaniste, libérale et marchande que celle de l‘UMP a vidé ces courants de tout contenu idéologique, et les a transformés en simples écuries de présidentiables : le PS s’est trouvé dépolitisé, et réduit à ses seules fonctions de conquête du pouvoir, de sélection des leaders et de distribution des postes : les socialistologues les plus subtils seraient bien en peine de distinguer la moindre différence politique entre les différentes motions du Congrès de Reims.

La politique ayant donc abandonné le PS, celui-ci part à sa recherche auprès des non-militants (ce qui peut sembler paradoxal…) : mais que cherche-t-il exactement auprès d’eux ?

S’agit-il de prendre connaissance de leurs problèmes et de leurs préoccupations, qui auraient été ignorés (ici, les clichés démagogique et populistes vont couler à flots…) par les « technocrates coupés du monde réel et enfermés dans leurs bunkers sous les lambris dorés des salons parisiens, où ils passent leur temps dans l’univers virtuel des dossiers abscons en s’empiffrant de caviar » ? Pour cela, rien ne vaut les sondages, auxquels toutes les entreprises ont constamment recours pour adapter en permanence leurs produits aux demandes les plus fines des consommateurs, méthode bien plus fiable que celle consistant à aller écouter des gens qui réclameront (on le sait d’avance) l’ augmentation de leur pouvoir d’achat, la préservation de leurs emplois, l’amélioration des services publics et de leur qualité de vie.

S’agit-il d’aller plus loin, et d’élaborer avec eux un programme (sans même parler d’un « projet de civilisation », formule qui ne manque pas d’inquiéter, car elle pourrait témoigner de l’incapacité, justement, d’élaborer un programme tranchant de façon claire avec celui de la droite) ?

Ici, on est dans l’irréalisme total : car qui sont « ces gens » avec qui on entend construire quelque chose ? On ne le sait pas : ce seront ceux qui se seront déplacés, et qui ne représenteront qu’eux-mêmes ; on écoutera donc ceux qui voudront diminuer les impôts et ceux qui voudront les augmenter, ceux qui voudront régulariser les sans-papiers et ceux qui voudront renforcer la lutte contre l’immigration, ceux qui voudront que l’on cesse de soutenir les banques et ceux qui voudront qu’on empêche les entreprises de faire faillite, ceux qui voudront augmenter le montant des retraites et ceux qui voudront ramener l’âge de la retraite soit à 55 ans, etc… en espérant qu’on n’en entendra pas trop réclamer le rétablissement de la peine de mort ou l’interdiction de l’ IVG !

Et ensuite, que pourra-t-on faire-t-on de tout cela ? Rien du tout, bien entendu : les choix politiques continueront à être élaborés (heureusement) par la direction du parti, avec la faible marge de manœuvre que lui laissent (malheureusement) les traités de Maastricht, de Nice, d’Amsterdam et bientôt de Lisbonne, qu’il a tous approuvés.

Alors, ces opérations de marketing politique auprès de « la vraie France » (expression qui rappelle la distinction de Charles Maurras –curieuse référence idéologique- entre « la France réelle » et « la France légale ») apparaîtront-elles pour ce qu’elles sont : une mise en scène d’enfumage démocratique pour créer une dynamique purement électoraliste, puisque celle-ci ne pourra venir d’un programme vraiment socialiste impossible à élaborer.

 

Elie Arié – Marianne2.fr

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