Turquie-Europe …

Sarkozy commet la même erreur envers la Turquie que Mitterrand avec l’Allemagne de l’Est. » Ce jugement d’un responsable de la communauté d’affaires turque est abrupt.

larcherUn autre son de cloche au Sénat

Le Sénat veut faire entendre une voix singulière sur la Turquie

Sarkozy commet la même erreur envers la Turquie que Mitterrand avec l’Allemagne de l’Est. » Ce jugement d’un responsable de la communauté d’affaires turque est abrupt. Mais il est largement partagé par les membres de la délégation sénatoriale – pluripartite – qui accompagnait le président du Sénat, Gérard Larcher, lors de son déplacement à Ankara et Istanbul, du 15 au 18 septembre.

Alors que la position soutenue par le président de la République exclue toute perspective d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, quelle que soit l’issue du processus de négociation engagé, M. Larcher (photo) a fait entendre une autre voix. « Nous ne devons pas fermer la porte de l’avenir », a-t-il affirmé, revendiquant une appréciation « autonome » du Sénat.

Ce n’est pas la première fois que le Sénat se démarque sur la question turque. Il a déjà refusé, à la fin de la précédente législature, d’inscrire à son ordre du jour une proposition de loi sur le génocide arménien qui avait enflammé l’Assemblée nationale. Il a imposé ensuite, avant la révision constitutionnelle de 2008, la réécriture de l’article prévoyant un référendum avant toute nouvelle adhésion à l’Union européenne. La version des députés excluait de fait la Turquie.

Ce déplacement de M. Larcher est un des tout premiers qu’il effectue à l’étranger. Le choix n’est pas neutre. « Nous voulons être des passeurs, souligne-t-il, travailler à rapprocher les points de vue. » Exercice délicat, puisqu’il s’agit d’exprimer une position singulière sans engendrer de conflit avec l’exécutif. « Je suis parfaitement loyal envers le président de la République, assure le sénateur (UMP) des Yvelines, mais la loyauté n’exclut pas l’autonomie. Je me sens responsable du Sénat. Celui-ci souhaite continuer à accompagner le processus de négociation, sur les chapitres qui sont ouverts et ceux qui devront l’être, pour pouvoir préparer l’avenir ensemble. »

Le programme de ces trois jours comprenait des entretiens avec le président de l’Assemblée nationale turque, le ministre turc des affaires étrangères, le président de la République, Abdullah Gül, et le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan. Selon M. Larcher, ces échanges montrent que « nous avons des convergences majeures et des intérêts communs ». « Il faut faire attention à ne pas ruiner le travail qui est engagé en commun dans de nombreux secteurs », prévient-il, en référence à l’idée émise, notamment, par le secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes. Pierre Lellouche suggère en effet de mettre d’ores et déjà en place un cadre autre que l’adhésion.

Hymne européen

Le président du Sénat estime qu’au contraire les ouvertures faites par ses interlocuteurs doivent encourager la poursuite du processus. Ainsi, a souligné le président turc, à l’issue des négociations, « les peuples européens prendront une décision et nous la respecterons », tout en précisant que « chaque pays garde sa capacité de dire non ». Ce message a été réitéré par M. Erdogan. A son retour, M. Larcher en fera directement part à M. Sarkozy. « Quand on fait de la diplomatie parlementaire, on n’est pas ministre des affaires étrangères, mais on n’est pas inutile », confie le président du Sénat.

Après leur entretien, le premier ministre turc et M. Larcher sont allés ensemble inaugurer le tout nouveau palais des Congrès d’Istanbul. La cérémonie s’est conclue par l’Hymne à la joie de Beethoven : l’hymne européen.

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