Clearstream …

Un président de la République en exercice comme plaignant. Un ancien Premier Ministre, qui était son rival de 2005 à 2007, comme accusé. Déjà trois ans et demi de procédures et la possibilité que l’affaire s’étire en longueur en cas d’appel et de contre-appel. Le sinistre procès Clearstream commence aujourd’hui.

…honte de notre République

Un président de la République en exercice comme plaignant. Un ancien Premier Ministre, qui était son rival de 2005 à 2007, comme accusé. Déjà trois ans et demi de procédures et la possibilité que l’affaire s’étire en longueur en cas d’appel et de contre-appel. Le sinistre procès Clearstream commence aujourd’hui.

Retour en arrière…

Car pourquoi Dominique de Villepin est poursuivi par la justice ? Alors ministre de l’intérieur, il aurait reçu un listing contenant des comptes bancaires frauduleux impliquant de nombreuses personnalités, dont Nicolas Sarkozy. Il aurait alors confié ce dossier à un juge pour en vérifier la véracité, qui aurait conclu qu’il s’agissait de faux. Qu’y a-t-il de répréhensible dans un tel comportement ? En fait, Dominique de Villepin avait trois solutions : enterrer l’affaire, ouvrir une enquête officielle ou essayer d’en savoir plus.

La première solution n’était pas acceptable car elle revenait à camoufler un éventuel scandale. La deuxième aurait pu être considérée comme abusive dans la mesure où personne ne savait si les listings étaient vrais ou faux. Finalement, la seule solution véritablement honnête était de chercher à en savoir un peu plus sur la véracité de ces listings. C’est la voie que Dominique de Villepin a suivi. Et au bout de quelques mois, il a ainsi appris qu’ils étaient des faux et n’a donc pas lancé de procédure.

Une affaire de cornecul !

Avec un peu de recul, comment ne pas être scandalisé par le fait de traduire un ancien Premier Ministre en justice pour cette affaire ? Après tout, il n’a fait que tenir son rôle de Ministre de l’Intérieur. Après avoir pris connaissance d’un listing impliquant plusieurs personnalités de la République, il a cherché à vérifier la véracité de ce listing, puis, ayant été convaincu de la manipulation, il a classé l’affaire. Qu’y-a-t-il de délictueux dans un tel comportement ?

Où se trouve la manipulation ? Tout dans le comportement de Dominique de Villepin montre qu’il ne savait pas si le dossier était vrai ou faux. Sinon, pourquoi aurait-il cherché à vérifier si les listings étaient vrais ? La thèse de la manipulation ne tient que par les déclarations pourtant souvent contradictoires d’un témoin et par l’acte d’accusation du parti civil, dont on peut pourtant douter de la partialité…

L’Elysée, juge et partie

L’un des aspects les plus choquants de cette affaire est clairement la place tenue par Nicolas Sarkozy. Il est le premier président de la République à porter plainte, rompant avec une tradition qui veut que comme le président est protégé par une immunité, il ne se porte pas non plus partie civile… C’est d’ailleurs l’argument avancé par Dominique de Villepin la semaine dernière : il y a une inégalité entre les parties qui n’est pas juste puisque l’ancien Premier Ministre ne peut pas se retourner contre le président…

Mieux, alors que l’Elysée cherche par tous les moyens à accréditer la théorie du complot ourdi à Matignon, il est possible d’avoir l’interprétation inverse. Après tout, cette affaire est sortie à peine quelques jours après l’échec du CPE, dans un timing tellement parfait pour abattre Dominique de Villepin. Ensuite, l’influence de l’Elysée sur la justice, en matière de nomination, est troublante. Enfin, comment ne pas reconnaître que s’il y a une victime, il semble que ce soit plutôt l’ancien locataire de Matignon…

Le pire dans cette affaire est qu’il n’est pas évident qu’elle se termine rapidement. Avec les appels et autres procédures, il n’est pas impossible qu’elle s’étire sur le quinquennat. Mais plus le temps passe, plus elle est une véritable honte pour notre République.

 

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