La lettre de Nicolas, Angela et Gordon

laurentpinsolle… Oui-oui écrit au G20

Hier, les trois principaux dirigeants européens ont écrit et publié une lettre au président en exercice de l’Union Européenne en vue de la préparation du prochain sommet du G20. Le ton et les détails révèlent déjà que pas grand-chose ne changera…

Peur sur les banquiers ?

Pour être honnête, il y a bien un élément positif dans cette lettre. Alors que l’économie se stabilise et semble même prendre le chemin d’un retour à la croissance, les chefs de gouvernement européens affirment être « déterminés à mettre en œuvre résolument nos plans de relance ». Ainsi, les dirigeants de la planète continueront de soutenir l’économie pendant quelques temps avant de passer à une politique économique moins conciliante, limitant les risques de rechute.

En revanche, le détail des mesures suggérées pour tirer les leçons de la crise fait froid dans le dos : rien de sérieux n’est proposé. La principale mesure envisagée (par la place qu’elle occupe dans la lettre) est la réglementation des rémunérations des banquiers, qui deviennent les bouc-émissaires commodes de la crise. Bien sûr, les bonus accordés en 2009 sont un véritable scandale et il conviendrait de les interdire ou de les taxer à 90%. Néanmoins, ils ne sont que le produit du système.

Et de toutes les façons, ce ne sont pas les mesures annoncées qui vont faire trembler les banquiers. Dans un langage trop poli pour être ferme, ils demandent une meilleure « gouvernance » et « plus de transparence » (en clair, les banques feront toujours ce qu’elles veulent). Ils demandent à ce que les bonus soient fixés « à un niveau approprié » et à ce que les dirigeants ne « soient pas totalement (sic) immunisés sur les risques » : les traders de Goldman Sachs en rigolent encore…

Rien ne change…

Il faut noter que près de la moitié des (tièdes) mesures proposées portent sur la rémunération des banquiers pour essayer de satisfaire une opinion publique révoltée à juste titre par les bonus annoncés pour 2009. Mais après avoir proposé de bouleverser le mode de rémunérations des banquiers, nos grands révolutionnaires s’attaquent à la réforme du système financier international. Et là, on va voir ce que l’on va voir… Ils proposent ainsi de suivre les nouvelles recommandations du comité de Bâle, dont les précédentes décisions ont été d’une grande efficacité comme on l’a vu l’automne dernier…

Les « paradis fiscaux » peuvent également trembler, après les avancées réalisées en avril dernier. Il faut se souvenir que la grande avancée réalisée au printemps dernier avait été de constater que plus personne ne faisait partie de la liste noire, pas même la Suisse, les Iles Caïmans ou le Liechtenstein… Naturellement, rien de sérieux n’est envisagé sur la taxation des transactions financières ou sur une reprise en main par les politiques des normes prudentielles, qui sont toujours laissées entre les mains des banquiers, qui demeurent juges et parties et laissés dans une autogestion pourtant désastreuse.

La lettre de Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Gordon Brown est une véritable négation du politique. Elle est surtout un Objet à Destination Communicante pour montrer à des opinions publiques sceptiques qu’ils agissent alors que les détails montrent que rien ne change…

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