Evasion fiscale…

667006… la liste d’Eric Woerth divise

Nouvelobs.com a interrogé plusieurs personnalités politiques sur la liste de 3.000 noms de contribuables soupçonnés d’évasion fiscale en Suisse. Si plusieurs députés UMP y voient un « signe positif », ils attendent les suites qui y seront données. Le Vert Noël Mamère déplore, quant à lui, « un hochet envoyé au bon peuple français ».

Dimanche 30 août, le ministre du Budget Eric Woerth révélait être en possession d’une liste de noms de 3.000 contribuables français ayant des comptes bancaires en Suisse et qui seraient soupçonnés d’évasion fiscale. Plusieurs personnalités politiques françaises, interrogées par nouvelobs.com, reviennent sur cette annonce et expriment leurs interrogations quant à son devenir.

« Le point positif de cette affaire est qu’elle amorce une clarification, une transparence des relations bancaires Suisse-France », estime Christian Eckert, député PS de Meurthe-et-Moselle.

Toutefois, Noël Mamère, député Vert de Gironde, voit plutôt « un leurre, un hochet envoyé au bon peuple français. Le gouvernement entreprend une diversion et fait croire qu’il poursuit les délinquants financiers, alors que c’est l’inverse », poursuit-il. « Plusieurs célébrités, qui ont affiché clairement leur évasion fiscale, étaient défendues par Nicolas Sarkozy lors de l’élection présidentielle. M. Woerth prend les Français pour des imbéciles », ajoute le député écologiste.

Poursuivre « les délinquants en col blanc » ?

Les divergences politiques concernent surtout les suites à donner à une telle liste. Le gouvernement a laissé jusqu’au 31 décembre aux fraudeurs pour payer leurs impôts et leurs pénalités afin d’éviter des poursuites judiciaires. Une décision « indigne » pour Christian Eckert. « Si des personnes ont fraudé, ils doivent être soumis à des sanctions selon la réglementation en vigueur pour tous les citoyens. Il est incompréhensible que les contribuables lambda récoltent amendes et poursuites dès le moindre retard dans les paiements de factures d’eau ou de téléphone, et que certains évadés fiscaux, loin d’être modestes, ne seront pas poursuivis. »

Noël Mamère réclame, lui aussi, « un système de poursuites » pour « des délinquants en col blanc ». « Ils devraient être poursuivis, aller en prison », ajoute-t-il. La décision du gouvernement est « une manière de déguiser une amnistie ».

De son côté, Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essone et président de Debout la République, souhaite avant tout éviter tout traitement de faveur en édictant des règles pour tous, le tout dans la transparence. Le gouvernement ne peut pas faire au cas par cas, mais ont peut imaginer une suppression des poursuites. »

 

« Si l’on veut que l’argent rentre, il faut être efficace »

A l’inverse, Michel Issindou estime que « le traitement ne peut pas être identique » à tous les « gros » comptes visés par la liste puisque les circonstances sont loin d’être les mêmes. « Je crois qu’il faut appliquer le droit » et taxer cet argent passé à l’étranger, « mais ce n’est peut-être pas la peine d’entamer des poursuites pénales. Je fais confiance au gouvernement pour mener ça avec doigté », conclu-t-il.

Le député UMP des Bouches-du-Rhône, Dominique Tian, réclame lui aussi un système « de cas par cas parce que la situation n’est absolument pas la même pour ceux qui ont placé l’héritage d’un grand oncle à l’étranger et les fraudeurs coupables d’escroquerie à la TVA ou pour l’argent de la drogue. » Il estime que l’argent envoyé à l’étranger à tout intérêt à rentrer en France et se place même en partisan d’une « amnistie fiscale, comme en Italie où une taxe a permis de régulariser les évadés ». « Si l’on veut que l’argent rentre, il faut être efficace », conclut le député.

 

L’hypothèse d’un « coup de bluff »

Quand à l’existence de la liste d’Eric Woerth, mise en doute par certains qui évoquent de « coup de bluff », l’idée semble écartée. « J’ose espérer qu’il ne s’agit pas d’un coup de bluff », affirme Nicolas Dupont-Aignan. « Un point à clarifier serait comment le ministre a obtenu cette liste », note Christian Eckert. « De toute façon, ministre sera obligé de rendre des comptes sur sa liste et apporter quelques preuves », explique Michel Issindou. « Je n’ose imaginer un coup de com’. »

Seul Noël Mamère estime l’hypothèse « possible », ajoutant que « ce ne serait pas la première fois. Comme la rentrée s’annonce difficile, le gouvernement peut tenter une opération de diversion. »

Reste toutefois la  » question de l’opacité des transactions », note Nicolas Dupont-Aignan. « Le gouvernement doit continuer d’accentuer sa pression sur les paradis fiscaux : la Suisse mais aussi tous les autres pays comme le Luxembourg, certains Etats américains, etc. », estime Christian Eckert. « Je pense qu’après le soutien aux banques, le gouvernement aurait moins dû réclamer en contrepartie une transparence aux banques qui disposent d’antennes dans les paradis fiscaux. »

(Boris Manenti - Nouvelobs.com)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*