Chronique de la dépendance européenne de la France

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Deux polémiques alimentent ces jours-ci l’affligeante chronique de la dépendance européenne de la France. 

 

  • Premier épisode.

Votée en mars dernier, la réforme audiovisuelle du gouvernement Fillon se trouve placée depuis plusieurs semaines dans le collimateur de Bruxelles.

Saisie par TF1, M6, et Canal +, la Commission européenne a demandé à Paris de s’expliquer sur la taxe que ces opérateurs privés doivent payer sur leurs chiffres d’affaires en faveur des  chaines du service public. Ces aides publiques déguisées pourraient être hors la loi car, selon Bruxelles, elles seraient de nature à fausser la concurrence dans le secteur audiovisuel !

Ainsi confortées, les entreprises audiovisuelles privées menacent ces derniers jours d’introduire un recours devant les autorités européennes, si elles n’obtiennent pas satisfaction dans leur bras de fer avec le gouvernement.

Pour l’heure, Bruxelles se refuse de donner son aval au dispositif français et n’écarte pas la possibilité d’instruire une enquête formelle contre la France.

Sur le chemin le menant toujours et encore à Canossa, le gouvernement de Nicolas Sarkozy s’apprête une fois de plus à baisser les bras et, sans l’avouer, à donner des gages à Bruxelles en modifiant substantiellement sa réforme, au risque de la dénaturer….

 

  • Seconde séquence de ce mauvais feuilleton.

Nouveau trophée au tableau de chasse européen, le régime français des retraites des mères de famille, également mis en accusation par Bruxelles, qui y décèle des ferments d’une discrimination envers les hommes qui en ce domaine, ne bénéficieraient pas des mêmes avantages.

Evidemment, Bruxelles reste aveugle aux atouts d’une politique familiale exemplaire qui, au plan démographique, a permis à la France de se hisser à la première place des nations européennes les plus fécondes.

La France est sommée de modifier sur ce point sa politique familiale.

Par la voix de son ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, Xavier Darcos, le gouvernement français s’est engagé cette semaine à se conformer sans délais à ce rappel à l’ordre….

Principe de non discrimination entre les sexes, principe de non distorsion de la concurrence…, voilà que l’Europe de Bruxelles se mêle de nouveau du détail des affaires de la France, pour la tourmenter avec ses sacro-saints principes opposables aux Etats membres !

Les parlementaires de la majorité se scandalisent aussitôt de l’impuissance de la France et dénoncent la pusillanimité d’un gouvernement aux ordres, qui ne cesse de s’aligner sur la réglementation européenne. 

L’heure de la contre-offensive aurait-t-elle enfin sonné dans le camp présidentiel qui entend, au passage, capitaliser les silences d’une opposition qui, sur ce sujet comme sur bien d’autres, demeure aux abonnés absents ?

Indigné, le député Nouveau Centre (NC)  de Seine-Saint-Denis, Jean-Christophe Lagarde appelle ainsi à la mobilisation : « Pourquoi les lois européennes seraient-elle inchangeables ? Il faut qu’on se batte. On a des élus européens, ils sont là pour ça. Quand l’Europe a tort, il faut le lui dire. Et s’il le faut, changeons la Constitution. On est allé à Versailles pour moins que ça ! » (Libération, édition du 29 et 30 août 2009).

Diable ! Nos bons élus se proposent rien moins que de regagner les marges de manœuvre que la France a perdues depuis tant d’années au profit de Bruxelles, par un surcroît d’activisme de nos parlementaires siégeant à Strasbourg ou en congrès à Versailles !

 

  • Faux naïfs ou vrais tartuffes ?

Après la mascarade de ce mois d’août au cours duquel la France, interloquée, a été mise en demeure d’avoir à restituer la somme de 500 millions d’euros au titre des aides publiques accordés aux professionnels de sa filière fruit et légumes, toute cette agitation est évidemment  grotesque

Aux prises avec une Europe fédérale puissamment à l’œuvre qu’ils sont les seuls à combattre, les souverainistes savent pourtant bien que le ver est dans le fruit et que celui-ci en est rongé inexorablement, à l’exemple des nations européennes vouées à un asservissement continu d’autant plus insensible qu’il opère sournoisement, par touches successives et dans la plus grande opacité.

A moins que le peuple français ne parvienne, devant tant de renoncements, à se ressaisir dans une salutaire rébellion des esprits, chacun doit se convaincre, hélas !, que l’Union européenne continuera résolument à mettre au pas les politiques des Etats, fussent-ils récalcitrants, dès lors que ceux-ci s’écarteront de sa doxa, tant il est vrai que rien ne doit entraver le processus d’intégration du marché européen qu’elle entend leur imposer sur un mode strictement fédéral.

Son arme ? Un droit européen autoritaire et envahissant, forgé à Bruxelles qui, en tous domaines, s’applique à abolir sans états d’âmes les singularités nationales.

Ses relais ? Des partisans sans scrupules, déterminés dans leur entreprise jusqu’à la caricature, au point de s’autoriser à diffuser les contre vérités les plus manifestes.

Dernier exemple en date de cette propagande européiste, une tribune de Noëlle Lenoir parue dans le Figaro (édition des 29 et 30 août 2009), qui commente de l’arrêt fondamental rendu par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, le 30 juin dernier.

Au détour d’une phrase de cet article, par ailleurs équilibré dans son analyse générale de la portée de cette décision, l’ancienne Ministre des Affaires européennes et ancien membre du Conseil constitutionnel pose ce postulat en tout point extraordinaire : « Opposer souveraineté nationale et construction européenne part déjà de l’idée négative que l’Europe serait dirigée contre les Etats, alors que le but est de leur permettre d’exercer leur souveraineté avec plus d’efficacité. » !

 

  • Sans commentaires ?

Certainement pas, car citer cette scandaleuse pétition de principe, c’est déjà dénoncer ici une nouvelle imposture que l’actualité franco-européenne se chargera de toute façon de démentir périodiquement. 

Karim Ouchikh
Membre du comité directeur du RIF

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