Le mythe de la modernisation du PS

Manuel Valls veut détroner Aubry

vallsC’est une des forfanteries les plus répandues de la vie politique Française, à nouveau ranimée par Manuel Valls [photo] dans son interview au Financial Times : le Parti Socialiste de notre pays n’aurait pas complètement oublié ses racines marxistes et n’embrasserait pas suffisamment la modernité…

Mais de quelle modernité parle-t-on ?

Pourtant, le dernier passage du Parti Socialiste Français s’est soldé par un montant de privatisations supérieur à celui de ses prédécesseurs de droite. Laurent Fabius s’est révélé être un des ministres des finances les plus ouverts aux idées libérales. Enfin, c’est bien Lionel Jospin qui a accepté la libéralisation (certes lointaine dans le temps) des services publics. Bien sûr, ce même gouvernement a également mis en place les 35 Heures mais il ne se trouve pas grand monde pour encore défendre cette mesure, notamment la candidate représentant le parti lors de l’élection présidentielle de 2007…

Pire, la crise a montré la faible différence de pensée entre le PS et l’UMP tant le parti dit de gauche a été incapable de formuler une proposition de système alternatif, refusant tout débat sur le protectionnisme, la réforme du système monétaire et se limitant à des propositions cosmétiques identiques aux partis dits de droite sur la réglementation de la finance. Dès lors, on ne voit pas bien dans quelle direction le PS pourrait aller pour davantage accepter la mondialisation, si ce n’est prêter allégeance à Laurence Parisot.

Pourquoi en parle-t-on ?

En fait, quand Manuel Valls parle de modernisation du Parti Socialiste, il parle uniquement de rajeunissement des cadres dirigeants, à savoir le remplacement de la vieille génération qui a accédé au pouvoir sous François Mitterrand et Lionel Jospin par lui-même. La modernisation du PS, devine-t-on en filigrane, c’est lui. Il suffirait donc de changer de dirigeants pour moderniser le parti. Dans un sens, ce n’est pas complètement faux, la génération des éléphants donne une tellement mauvaise image d’elle-même. Il ne serait sans doute pas un mal de faire venir de nouvelles têtes.

En revanche, parler de modernisation idéologique en sous-entendant que le PS n’a pas suffisamment accepté la mondialisation est d’une hypocrisie incroyable. Les socialistes ont tout abandonné à la mondialisation. Non seulement, ils ont renoncé à toute intervention financière, monétaire et commerciale mais ils se font aujourd’hui les promoteurs de cet abandon en défendant l’indépendance des banques centrales ou le libre-échange absolu. En fait, on peut se demander si ce mythe n’est pas créé par les tenants du système pour verrouiller encore davantage le champ des possibles idéologiques.

Le besoin de modernisation du PS ne concerne que le nécessaire renouvellement générationnel. Mais ce changement n’aura d’intérêt que s’il s’accompagne d’une reconstruction idéologique lorgnant vers Généreux, parti, Lordon ou Krugman. Rien ne permet aujourd’hui d’accréditer cette thèse.

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