La France et les Talibans

Kouchner contredit Sarkozy

  
sarko-kouchner3« Bien entendu qu’il faut négocier avec les Talibans »
(Bernard Kouchner au Figaro
le 3 août 2009)

« Le dialogue avec les Talibans, honnêtement, hein, je ne crois pas ! »
(Nicolas Sarkozy dans son intervention de l’Elysée, le 24 avril 2008)
 

La France a-t-elle infléchie sa position sur les Talibans pour se mettre au diapason de l’Etat-major américain ? Le Président et son ministre des Affaires Etrangères joueraient-ils au bon flic/mauvais flic (le négociateur et l’intransigeant) ? Ou, plus simplement, les deux hommes ne seraient-ils pas sur la même longueur d’onde quant à un possible dialogue avec les fondamentalistes musulmans d’Afghanistan ? Au lendemain de l’interview de Kouchner au Figaro, le blog anti-Sarkozy larageauventre.blogspot.com a mis en ligne un extrait de l’interview présidentielle datant du 24 avril 2008. Plus inflexible que jamais, Sarkozy répétait son refus catégorique de traiter avec les Talibans au moment de justifier l’intervention française en Afghanistan: « Moi ouvrir un dialogue avec des gens qui ont amputé d’une main une femme parce qu’elle avait mis du vernis à ongles, qui ont empêché des millions de petites jeunes filles d’aller à l’école, qui ont mis à terre des Bouddhas qui avaient plusieurs siècles d’histoire… qui lapident la femme prétendument adultère… Si c’est pour discuter avec cette équipe là, je pense qu’on n’aurait pas grand chose à se dire« . Comme le dirait lui-même notre Président, « c’est clair, c’est simple, c’est net ! »

  

  

 


Mais, depuis le 3 août, la France serait donc prête à négocier avec ces Talibans qui coupent la main d’une femme « parce qu’elle avait mis du vernis à ongles« … Avant Nicolas Sarkozy, cet exemple  de barbarie (dont l’authenticité n’a jamais été clairement établie) avait été rapporté à plusieurs reprises par les gouvernements américains et anglais. Le 4 septembre 2008, le ministre de la Défense Hervé Morin l’avait légèrement modifié sur France Inter. « Les petites filles » remplaçaient « une femme » et les Talibans coupaient « le bout des doigts » et non plus « une main » (voir à 3’50 de la vidéo ci-dessous). Un mois plus tôt (25 juillet 2008), Sarkozy reparlait de cette amputation lors d’une
conférence de presse conjointe avec Barack Obama.


Certains se souviennent aussi du fameux bushisme (du 25 mai 2004) qui a fait le tour de la planète. « Je suis honoré de serrer la main d’un courageux citoyen iraquien… qui a eu la main coupé par Saddam Hussein!« , avait déclaré
George Bush en recevant un opposant de Bagdad à Washington. Une citation pourtant tronquée par les médias moqueurs. « J’apprécie Joe Angris, le docteur qui a aidé à fabriquer ces mains sur ces hommes…  Ces hommes ont retrouvé leurs mains grâce à la générosité et l’amour d’un citoyen américain…« , avait-il ajouté dans l’indifférence. Bush avait, en effet, serré les nouvelles prothèses de l’Iraquien. Son salut n’était donc pas si risible. Mais l’ancien Président des Etats-Unis utilisait une rhétorique similaire pour justifier une attitude va-t-en guerre.

Bernard Kouchner tend cette fois la « main » vers ceux que son Président fustigeait il y a peu. C’était pendant l’Amérique de Bush. Avant qu’Obama n’adopte une position beaucoup plus souple que son prédécesseur sur l’Afghanistan. De là à y voir un alignement français sur la position américaine… Le French Doctor semble devoir dire tout haut ce que Sarkozy se voit contraint de tenter discrètement. Reste à savoir si les Talibans seront attentif à cette main tendue… nappée de « vernis » diplomatique.

 

 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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