La France aspire au retour du gaullisme authentique

Les élections sénatoriales qui se sont traduites par une progression du PS au détriment de l’UMP montrent aussi une réserve accentuée des élus des collectivités territoriales envers la politique gouvernementale et élyséenne.

Les 50.000 grands électeurs dessinent un panel bien plus représentatif de l’ensemble de nos concitoyens que les divers sondages commandés par les médias ; il est ainsi pertinent d’affirmer que ce résultat exprime une opposition bien plus profonde.

Les Français, dans leur grande majorité, rejettent les aspects fondamentaux de la politique actuellement conduite.

En premier lieu, il subsiste un décrochage manifeste entre l’opinion française et celle des élites nationales à qui est confiée la mission de gouverner notre pays. Après la victoire du NON au projet de constitution européenne supranationale proposée en 2005, l’adoption en catimini par le parlement du protocole de Lisbonne, copie conforme du traité européen rejeté par 16 millions d’électeurs, soit 55% des suffrages, représente un reniement démocratique majeur.

Autre sujet de crispation ; la révision constitutionnelle par voie parlementaire en juillet dernier à une voix près formalise un retour à la IVème république tristement célèbre pour son instabilité et la déliquescence de l’Etat. Ce charcutage constitutionnel range aux oubliettes l’utilisation du référendum, privant ainsi le peuple de son pouvoir décisionnel ultime comme l’avait habitué le général de Gaulle. La précipitation de nos gouvernants à vouloir engager cette réforme cet été s’explique au vue des résultats des élections sénatoriales. Aujourd’hui, la défaite de Sarkozy aurait été inéluctable.

Par ailleurs, le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN marque un revirement de notre politique étrangère et militaire ; l’alignement sur celle des Etats-Unis est aujourd’hui manifeste et la défense de nos propres intérêts passe au second plan. La volonté gouvernementale s’affiche clairement : mettre un terme à 50 ans de politique d’indépendance nationale mise en œuvre par le général de Gaulle et maintenue globalement par ses successeurs. Le vote majoritaire des députés pour le maintien des troupes françaises en Afghanistan est l’expression actuelle de cette nouvelle politique française.

Enfin, comme l’écrit notre compagnon Christian Lechevalier dans OuestFrance, le chômage et les délocalisations causés par l’Euro trop fort, les OGM autorisés par Bruxelles, la politique de régression sociale (franchises médicales, privatisation d’EDF et de la Poste, baisse violente du pouvoir d’achat des classes petite et moyenne…) constituent les ingrédients indiscutables d’une politique ultralibérale qui est imposée par le dogme bruxellois.

Aujourd’hui, le pays a besoin de services publics, de la puissance de l’État, avec la libre entreprise, mais une libre entreprise régulée, au profit des Français, des laissés pour compte, en un mot, de l’intérêt général.

La nécessité d’une collaboration d’États européens, et non pas d’une soumission à la commission européenne sans aucune légitimité démocratique, s’impose si nous ne voulons pas une désintégration de la construction européenne.

Dans la tourmente, la France aspire, une fois de plus, au retour du gaullisme authentique.

Alain KERHERVE

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