Le gaullisme de Sarkozy : zéro pointé !

C’est clair pour le commun des mortels. Nicolas Sarkozy utilise le général de Gaulle pour redorer son blason.

Profitant de l’inauguration de l’Historial Charles de Gaulle ce vendredi 22 février, le Président de la République s’est octroyé une « parenthèse gaulliste » comme aiment à le faire remarquer les médias qui ont couvert l’évènement.

« Ce n’est pas le moindre des paradoxes de l’histoire de notre pays que d’avoir unanimement célébré la mémoire du grand homme alors que tout au long de son existence sa légitimité fut contestée » précise dans son allocution Nicolas Sarkozy, pensant ainsi positiver l’effondrement vertigineux de sa popularité dans les sondages d’opinion.

Mais, faut-il le rappeler, la légitimité du Général n’a jamais été contestée que par ses éternels adversaires des « féodalités » que le fondateur de la Vème république vilipendait dans le monde politique et syndical.

En toute occasion, et toujours, le général de Gaulle a bien pris soin d’emporter le soutien du peuple souverain. Battu le 27 avril 1969 lors du référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat, il a mis immédiatement un terme à son mandat. Une leçon de démocratie que nos élites politiques actuelles devraient méditer !

Nicolas Sarkozy peut affirmer sans cesse, et comme une excuse à sa trahison, que nul ne peut prétendre savoir ce que le Général dirait aujourd’hui de la situation de la France, mais il ne saurait ignorer ce que le fondateur de la Vème république a toujours refusé : mettre en œuvre une politique sans l’adhésion des Françaises et des Français.

J’ai souvent eu l’occasion d’émettre ici des réserves, bien plus, des critiques sur les initiatives et actions du Président Chirac : cohabitation, quinquennat, construction européenne, pour ne citer que les plus criantes. En revanche, j’ai pu apprécier à sa juste valeur la position qu’il a défendue dans l’affaire irakienne malheureusement toujours d’actualité. De même, s’il n’a pas tiré toutes les conséquences de son échec référendaire le 29 mai 2005 sur le traité établissant une constitution européenne, laisser le peuple se déterminer souverainement après un large débat contradictoire peut être mis à son actif.

Aussi :

– la politique « show-biz » du locataire actuel de l’Elysée et ses égarements verbaux de plus en plus nombreux dénaturent la fonction présidentielle ;

– la ratification du protocole européen de Lisbonne par les seuls parlementaires, véritable coup de force contre les Français, entame gravement sa légitimité ;

– l’alignement inconditionnel de sa politique étrangère sur celle des Etats-Unis met, en conséquence, un terme à la politique d’indépendance initiée par le général de Gaulle et poursuivie jusqu’aujourd’hui par ses successeurs ;

– sa volonté maintes fois affirmée d’intégrer les forces militaires françaises dans les structures de l’Otan contrairement à ce que le Général a décidé le 7 mars 1966 en sortant la France du commandement de l’Otan et en exigeant la fermeture immédiate des bases US sur le territoire national ;

– la transformation de notre propre texte fondamental qu’il nous concocte à partir du rapport Balladur, rompant les équilibres de nos institutions qui font la force de la constitution gaullienne ;

… représentent tant de ruptures profondes avec le gaullisme authentique qu’il m’arrive, chaque jour un peu plus, à regretter néanmoins la présidence de Jacques Chirac.

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